LES QUESTIONS D’ANDRÉ

André S. m’énerve. Enfin, surtout ses questions. André, c’est mon hébergeur. Je veux dire, celui qui tient mon cher petit blog au chaud sur son serveur. Figurez-vous qu’André voudrait savoir pourquoi vous, lecteurs, lui piquez autant de bande passante en passant par chez moi.

Oui, d’accord, « bande passante », pour la plupart d’entre vous, ça ne sonne pas très clair. Mais c’est juste parce que je suis un peu gêné aux entournures pour répondre aux questions de ce satané André. Je tourne autour du pot. Lui, André, n’y va pas par quatre chemins : « Pourquoi y a autant de monde qui vient sur ton site ? » Euh.. ben… humph… 😎 … Il y a une chose qui m’a toujours intrigué chez les quelques personnes qui m’ont le plus marqué tout au long de mon petit voyage à domicile. Quand elles prononçaient un quelconque jugement, jamais elles ne se trompaient… SAUF quand elles se hasardaient à parler d’elles-mêmes ! Alors là, la cata, la Bérésina, le contre-sens assuré ! Vous pensez bien que je ne vais pas me risquer à tomber dans les mêmes égarements que mes chers modèles, en répondant directement aux diaboliques questions personnelles de ce bougre d’André. Je vais prendre une tangente. Je vais juste essayer de vous dire comment et pourquoi je vous écris mes petits billets. Le contact, physique, que j’essaie d’établir avec le lecteur. En vous écrivant, en vous parlant. Par les mots.  »« Le langage est une peau. Je frotte mon langage contre l’autre. C’est comme si j’avais des doigts au bout de mes mots, des mots au bout de mes doigts. Mon langage tremble de désir » » (Roland Barthes,  »Fragments d’un discours amoureux »). Il n’y a pas une seule de mes chroniques qui ne soient écrites avec la pensée aigüe qu’elle s’adresse à quelqu’un, un interlocuteur, un SEMBLABLE. Même ceux que j’engueule, même ceux que je déteste, que j’abomine, doivent obstinément rester mes semblables lorsque je m’adresse à eux. Qu’est-ce qui peut bien plaire aux gens dans cette tentative de rapports particuliers ? Peut-être qu’ils s’y retrouvent un peu. Peut-être que ce que j’écris ou dit n’est qu’une sorte de miroir de ce qu’ils sont. Peut-être parce que nous avons tous un besoin irrépressible de ce genre de relations en cette période de déconfiture générale. Quand je parle aux autres, j’essaie toujours de leur dire ce qu’ils pourraient penser eux-mêmes. Pour qu’ils s’y retrouvent. Mais attention, pas comme un homme politique ânonnant son plan com’ en caressant ses fidèles dans le sens du poil et des instincts primaux. Non, en essayant d’atteindre au plus profond de chacun, de nos désirs communs enfouis, de nos furieuses envies de jubilation et d’effervescence. Toujours d’égal à égal (voilà pourquoi je propose souvent un « p’tit verre pour l’apéro » à la fin de mes billets). Remarquez, c’est aussi ce que je recherche sur les blogs amis. Plus qu’une intelligence, une chaleur, une convivialité. Bon, où je m’embarque, moi ! Quand j’ai fini le premier jet d’un de mes petits échos, je le relis et le débarrasse du maximum de  » »je » », de  » »moi » », de  » »m' » »… Celui-là en est dégoulinant. Mais si j’en enlève un seul, il ne reste plus rien ! Fichu André !

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.