Les boulets qui attendent le prochain président

Tandis que tous les candidats à la présidentielle nous promettent la lune pour après leur élection (à l’exception du sortant qui s’engage, lui, à creuser le désastre), dressons une liste des boulets que devra affronter l’élu au lendemain du 24 avril.

Inflation galopante

L’inflation est en train de prendre des allures vertigineuses que ne reflètent qu’imparfaitement les chiffres officiels : les +5,1 % annoncés en France pré-électorale (contre presque +12 % au Pays-Bas et +7,6 % en Allemagne) ne correspondent certainement pas au “ressenti” de la population. Rappelons que les Gilets jaunes sont descendus dans la rue pour une essence à 1,48 €/litre et qu’on en est aujourd’hui à environ 2,08 €, soit environ +40 %. Regardez aussi l’évolution de vos factures de gaz, d’électricité, de supermarché et vous serez encore plus fixés. Le principe est celui-ci : à revenu inchangé, une inflation de +20 %, c’est +20 % d’appauvrissement.

Récession

L’Allemagne (qui n’est pas en période électorale) annonce être désormais officiellement en récession (2 trimestres consécutifs de baisse du PIB). La France pré-électorale n’a toujours pas donné ses chiffres, se contentant de se pavaner avec son +8% en 2021, qui ne consacre que la reprise normale, a minima, des activités gelées par les confinements de 2020. Déduisez-en la hausse massive de l’inflation et de l’endettement du pays pour cause de crise sanitaire, et il n’en restera rien ou moins que rien. Quant aux Français-lambda, m’étonnerait qu’ils aient “ressenti” une augmentation de 8 % de leurs richesses perso.

Pénuries multiples, y compris alimentaire

Les menaces de pénurie sont déjà une réalité dans de nombreux secteurs : celle des matériaux industriels, par exemple, qui font flamber les prix des travaux, quand elle ne les arrêtent pas complètement. À ceci s’ajoutent les conséquences boomerang des sanctions que le bloc occidental capitaliste a décrété contre la Russie : pénurie énergétique (pétrole, gaz, que la France comme les autres va devoir payer en roubles) et, plus grave, probable pénurie alimentaire après que Poutine ait annoncé son intention de priver de blé russe (sans compter celui du Donbass) les « pays ennemis » de la Russie.

Le prochain élu devra gérer la tempête avant de préparer le beau temps

Le nouvel élu de l’Élysée aura bien d’autres crises à surmonter avant de pouvoir mettre en œuvre son train de promesses bisounours : crise climatique, prochaine crise sanitaire (remarquez qu’aucun candidat n’a présenté son plan d’urgence en cas de retour de la pandémie, à l’automne prochain par exemple). Cerise aigre sur le gâteau, il lui faudra aussi affronter la résistance terrible du système mafieux qui règne depuis au moins trois quinquennats sur notre pays et qui n’a certainement pas l’intention de se laisser déloger par de vulgaires bulletins de vote.

Voilà donc l’enjeu peu enthousiasmant, limite déprimant de la prochaine présidentielle : dégager le système mafieux qui pourrit le pays depuis trois quinquennats (minimum), puis arrêter la tempête, avant de promettre le beau temps. Regarder ailleurs en rêvant à des “jours heureux” pendant que les orages grondent entraînera des désillusions bien plus graves.

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