Retraites : les eurodéputés écolos et socialistes contre la répartition ?

Certaines décisions de l’Union européenne ont parfois l’art de vous tomber dessus sans que vous ne les ayez vu venir. Ainsi, le 20 octobre 2010, au Parlement de Strasbourg, les eurodéputés écologistes et socialistes ont adopté un texte, rapportée par la socialiste française Pervenche Berès, et semblant enterrer le principe même de retraite par répartition.

Tollé retentissant à la gauche de la gauche qui s’est prononcée, via les eurodéputés du Front de gauche, contre le rapport incriminé. Quoi ? Comment ? Les eurodéputés écologistes et socialistes défileraient rouge un jour et voteraient bleu le lendemain ?

Une antienne de la droite libérale

L’article incriminé est le paragraphe 77 (sur les quelques 226 que compte le rapport) :

« Le financement des pensions ne peut être entièrement laissé au secteur public, mais doit reposer sur des systèmes à trois piliers, comprenant des régimes de retraite publics, professionnels et privés. »

Oulala, l’antienne même de la droite la plus libérale en la matière ! Approuvée, vraiment, par l’ensemble des eurodéputés de l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates et par tous ceux du groupe Verts/Alliance libre européenne ?

Bon, les socialistes, passe encore. Ceux-là n’en sont pas à leur coup d’essai tordu au Parlement européen : voir leur abstention lourde de sens pour ne pas entraver la réélection du très libéral Barroso à la tête de la Commission européenne en septembre 2009. Et puis, sur ces problèmes de retraite, ils ont déjà bien du mal à être clairs entre eux.

Mais nos chers écologistes ? ! Tout ce qu’ils nous disent, pourtant, sur leurs sites, dans leurs interventions publiques…

Les arguments des « présumés coupables »

Pour leur défense, les eurodéputés d’Europe écologie (EE) ont établi un argumentaire encore « à usage interne », mais appelé à être massivement diffusé.

  • Non, les eurodéputés d’EE n’attaquent pas la retraite par répartition  ; le paragraphe 77 lui-même, « au pire ambigü », indique que c’est le grand krach qui a mis à mal, au moins momentanément, la possibilité de laisser le financement des retraites au seul secteur public
  • Le rapport Berès n’est qu’un simple document de travail intermédiaire, non définitif, sans portée législative
  • Et surtout, il inclut un des amendements-phares des euroélus écologistes : « la mise en place d’une taxe sur les transactions financières au niveau européen » (paragraphe 73), sans plus la faire dépendre, comme c’était le cas auparavant, d’un accord mondial condamné d’avance.

Donnons acte aux eurodéputés d’EE de leurs explications. Et attendons le vote final de la version définitive dudit rapport, dans un an, juste avant la campagne présidentielle de 2012. Nous serons alors fixés à temps sur la véritable position de chacun.

Mais ho, élus du peuple vert, la prochaine fois, soignez un peu votre communication. Ça évitera bien des suées d’angoisse et des montées incendiaires d’adrénaline. Inutiles, à vous en croire.

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