Le programme du Yéti : 9. Une politique d’immigration fondée sur l’accueil

Foin des tramways de la honte, des préfectures qui rivalisent de paponnades zélées, de la chasse aux faciès lâchée par un glauque ministre de l’intérieur ou d’une opinion publique supposée hostile, dressons sans désemparer les grands traits de ce que pourrait être une politique d’immigration fondée sur l’accueil et le respect.

Conforme à nos valeurs républicaines en matière de droits de l’homme, rendue possible, quoi qu’on en dise, par nos capacités matérielles disponibles, une telle politique prend en compte la réalité intangible des déplacements de populations entrainés par la crise mondialisée et les déséquilibres planétaires qui en résultent.

Ou nous organisons sereinement cette inévitable immigration, ou nous la subissons en nous couvrant de déshonneur et d’humiliation. Car rien n’endiguera le flot des << hordes affamées >>.

Des mesures d’accueil concrètes

Cette organisation passe par plusieurs mesures d’accueil :

  • une politique plus contraignante en matière de logements sociaux et de centres d’accueil, allant jusqu’à la réquisition ;

  • la création d’une commission nationale de l’immigration chargée de régulariser les nouveaux arrivants, de réguler les flots migratoires (répartition géographique, par exemple), d’éviter les phénomènes de ghettoïsation ; ceci en collaboration avec les préfectures et les autorités des pays limitrophes ;

  • l’attribution à chaque famille régularisée d’un revenu minimum vital décent permettant aux nouveaux arrivants, comme à chaque ménage français, de subvenir à un minimum de besoins vitaux et de confort.

Faciliter l’intégration sociale et culturelle des arrivants

Cette organisation d’accueil doit s’accompagner d’un train de mesures permettant l’intégration culturelle et sociale des nouveaux arrivants. En particulier :

  • un contrat de laïcité établi au moment de la régulation accorde la liberté de culte pour chaque nouveau migrant ; en contrepartie chaque nouveau migrant s’engage à respecter toute autre croyance (ou non croyance) et à ne pratiquer aucun prosélytisme religieux dans les lieux publics hors ceux prévus à cet effet ;

  • hors naturalisation, le droit de vote aux élections locales est acquis au bout d’un an ; trois ans pour les élections régionales ; le droit de vote aux scrutins nationaux s’obtient lors de la naturalisation ; mêmes conditions et délais pour le droit de se présenter à une élection locale, régionale ou nationale.

  • la déclaration d’irréversibilité de toute régularisation accordée ; les migrants régularisés sont soumis aux mêmes lois que les citoyens français ; les contrevenants s’exposent aux peines prévues par la justice de leur pays d’adoption.

Ne pas s’accommoder d’un air du temps malodorant

À ceux qui objecteraient que l’air du temps n’est guère favorable à de telles mesures, rétorquons que la justice n’a pas à transiger avec les fondements de notre République (liberté, égalité, fraternité), ni à s’accommoder de l’air du temps, surtout lorsque celui-ci pue.

À ceux qui invoqueraient l’argument du financement, répliquons que celui-ci ne se pose pas plus pour répondre à une urgence humanitaire que pour aller bombarder d’hypothétiques terroristes dans les montagnes afghanes. Le seul problème est celui des capacités matérielles disponibles sur le territoire, pas celui de gros sous chichement distribués par un système financier en perdition.

Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon n’hésitent pas eux aussi à braver l’opinion publique en énonçant les mêmes principes de justice. Mais ils ont le tort, à mon sens, de ne pas les matérialiser par un train de mesures suffisamment concrètes. Annoncer un droit à la mobilité ou une régularisation générale ne suffit pas si l’on ne fixe pas précisément les conditions de leur réalisation.

J’ai la ferme conviction qu’une opinion publique hostile peut toujours être retournée et se rallier aux principes de justice pour peu qu’on ose les matérialiser concrètement et résolument. Rappelons-nous la suppression de la peine de mort par François Mitterrand et Robert Badinter en leur temps.

Bon, assez réfléchi, j’ai le cerveau qui fume. Je vais de ce pas trinquer mon verre de muscadet à la tasse de thé à la menthe de mon voisin musulman.

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.