Présidentielle : l’intéressant programme d’Eva Joly

Contre vents et marées, Eva Joly vient de publier son projet présidentiel. Plutôt pas mal. Pas trop de langue de bois et de déclarations d’intentions creuses. Une certaine cohérence. Par certains côtés, il s’approche même d’assez près des cinq conditions que j’avais émises pour aller voter en avril/mai 2012.

Le projet d’Eva Joly propose ainsi de << garantir un revenu décent >> à tous avec une augmentation de 50% de tous les minima sociaux, un revenu de base pour les jeunes, l’assurance d’un toit pour tous.

Le souci de régulation bancaire y est manifeste, assurée par une surveillance fiscale des délocalisations financières, une garantie publique d’État << réservée aux banques n’exerçant pas d’activités spéculatives sur les marchés financiers >>, le retrait de la licence bancaire aux petites malines opérant dans les paradis fiscaux.

On note encore la volonté d’instaurer une << préférence sociale et environnementale aux frontières de l’Europe >>.

On regrettera l’abandon d’une limitation de l’échelle des revenus, pourtant annoncée auparavant par la candidate (échelle de 1 à 30) et la sous-estimation du problème de la dette, réduite à une intention de mutualiser celle-ci par des eurobonds.

Similitudes avec le projet du Front de Gauche

On remarquera beaucoup de points communs entre le projet d’Eva Joly et celui du Front de Gauche. Bien plus qu’avec la laborieuse « liste de courses » interchangeable du candidat socialiste. Et souvent en contradiction avec certains votes des députés européens d’Europe écologie – Les Verts (EELV). Parmi les points forts :

  • prise en compte humaine du phénomène migratoire ;
  • création d’un pôle public bancaire ;
  • VIe République (mais bizarrement sans évoquer d’Assemblée constituante).

On déplore aussi les mêmes insuffisances :

  • « oubli » de la nécessité à terme d’un nouvel ordre monétaire ;
  • trop de mesures conditionnées à un plein-emploi obsolète ;
  • trop de mesures conditionnées à la bonne volonté de l’UE.

Se prendre à rêver

Plutôt bonne candidate, claire et opiniâtre, Eva Joly n’est, à mon sens, en rien responsable de sa descente aux enfers sondagiers. Son véritable problème tient surtout à l’inanité de ses coéquipiers Verts (une constance historique, semble-t-il, chez ceux-là).

Combien de défections d’adhérents ou sympathisants d’EELV après ce lamentable contrat préélectoral conclu avec le PS par quelques jeunes loups aux dents longues ? Combien de compromissions et de chapeaux avalés pour le confort de quelques postes bien juteux ?

On peut toujours se prendre à rêver. Elle aurait de la gueule, non, l’alliance entre « le bruit et la fureur » d’un Mélenchon, et l’ex-juge pour en ordonner et en apaiser les éclats (mais sans volée de bois Vert, svp) ?

Quoi que décident nos deux « impétrants », il est réconfortant de voir que les idées de vraie rupture avec le totalitarisme néolibéral finissant commencent à se répandre dans la petite sphère de la représentation politique.

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