
Commencé en émeutes (les taxes sur les carburants), le soulèvement des Gilets jaunes a pris un tour politique révolutionnaire (le RIC) qu’aucune élection, fût-elle européenne, ne pourra plus entraver, ni résoudre.
Peu à peu, des idées d’essence révolutionnaire se sont ancrées dans l’esprit des insurgés :
- plus de négociations avec le pouvoir en place, mais la fin du système ;
- plus d’appel à une dissolution de l’Assemblée nationale, mais des ateliers constituants pour préparer une autre République ;
- plus de recours à une vieille institution judiciaire corrompue, mais l’appel à la création de tribunaux populaires…
Tandis qu’Emmanuel Macron remonte des Champs Elysées complètement évidés, ses conseillers à l’Elysée prennent au premier degré la menace de tribunaux populaires, et commencent à s’inquiéter.
Crépuscule pour un régime avarié. pic.twitter.com/JWnGAGSA8S
— Juan Branco ✊️ (@anatolium) 8 mai 2019
Les signes de désintégration du système
Ces périodes pré-révolutionnaires – elles ne deviennent proprement révolutionnaires qu’à la chute du système combattu – sont généralement précipitées par les signes de désintégration que le pouvoir donne de lui-même :
- des violences policières et des décisions de justice si outrancières qu’elles dénotent surtout le désarroi et la panique de ceux qui les utilisent ;
- la révélation des frasques obscènes d’une caste décadente n’ayant même plus le souci, ni d’ailleurs la capacité, de sauver les apparences ;

- la marginalisation d’un pouvoir jouant sa partition jusqu’au ridicule devant les rangs de plus en plus clairsemés de ses partisans (le défilé présidentiel sur des Champs-Élysées vides le 8 mai), sifflé et hué partout où il se déplace (lors de la dernière finale de coupe de France de foot)…

Le passage de la période pré-révolutionnaire à l’accomplissement révolutionnaire est souvent chaotique, incertain, surprenant. Mais jamais au grand jamais, il ne fut résolu par le biais d’un processus électoral (la plupart du temps sous contrôle du système rejeté). Encore moins lors d’une parodie dérisoire d’élections comme le sont les européennes, celles-ci servant juste de pauvre subterfuge aux survivants de l’ancien régime pour tenter de noyer le poisson et retarder l’échéance.