« Le Covid, ce petit virus qui tue moins les gens qu’il n’enfreint la raison »

Un témoignage de CharlElie couture.


La dernière endoscopie du mois de juin laissait apparaître la nécessité d’une intervention chirurgicale. Après que le spécialiste qui suit l’évolution de ce qui concerne une certaine partie de mes entrailles m’en ait expliqué les conséquences, j’ai donc pris rendez-vous à l’hôpital où devait avoir lieu ladite opération de soustraction. Mais avant qu’elle n’ait lieu, protocole oblige, il fallait le résultat du test du COVID, or aujourd’hui, les protocoles changent d’un jour sur l’autre.

Si dans un premier temps, il fallait un délai de 76 heures entre le test et l’opération, trois semaines après cette durée avait été inopinément réduite à 48 heures. Convoqué un lundi pour une intervention le lendemain, je ne pouvais pas faire le test en amont à cause du week-end. J’ai plaidé avoir eu le Covid, on m’a répondu que « je pourrais peut-être l’avoir à nouveau ». J’ai dit :

– What ? Depuis quand les anticorps perdent la mémoire ?
– Eh bien euh… C’est comme ça…

Vous êtes de la pâte dans le moule d’un protocole

D’abord, ce test était considéré comme nécessaire seulement si il y avait des symptômes (de la fièvre, de la toux ou quelque chose de suspect…). Désormais, le test de dépistage est obligatoire pour tout le monde par principe. Un protocole est un ordre, un impératif. On ne réfléchit plus, vous êtes de la pâte dans le moule d’un protocole. Vous devez lui obéir quel qu’il soit, comme un précepte quasi religieux. Peu importe si ça retarde le bon fonctionnement des choses, (durant le confinement dans cet hôpital 248 interventions ont été supprimées (juste en urologie m’a t-on dit) vous imaginez la difficulté pour les reprogrammer).

Et pourquoi donc décider de faire seulement celui du Covid et non le test du sida VIH et hépatite, ou de la malaria ? Et pourquoi pas le choléra, la myxomatose ? La fièvre jaune, la rage ou la tuberculose ? Non, va-t en savoir pourquoi l’obsession, c’est le COVID médiatisé, cette poussière de petit virus qui tue moins les gens qu’il n’enfreint la raison et altère les fonctions d’analyse.

On m’a donc une nouvelle fois introduit le grand coton tige jusqu’au sinus, et j’ai occupé un lit à attendre le résultat qui est arrivé négatif comme prévu le lendemain. Perte de temps, dépense de budget sous prétexte de précautions, c’est ainsi que le monde ira à sa perte. Quand à la fin des années 50 aux États-Unis pour diminuer la mortalité infantile on a décidé de retirer les nourrissons à leur mère pour les mettre sous couveuse en milieu stérile, les résultats furent catastrophiques. Sans le soutien maternel amoureux, les bébés ne survivaient pas. Quand les Espagnols d’Herman Cortes sont arrivés au Mexique, ce n’est pas par les armes qu’ils ont écrasé la civilisation Aztèque mais bien parce qu’ils étaient porteurs de virus qui infectèrent les indigènes, de même les navigateurs qui ont colonisé l’Afrique et l’Océanie ont débarqué porteurs de virus contre lesquels les peuples autochtones n’étaient pas immunisés (et réciproquement)…

Les gens se sont laissés envahir par la peur. À force d’être agressés par des messages d’alerte et de prudence “civique” mille fois répétés, ils ont fini par perdre leur libre-arbitre

L’opération a finalement eu lieu. Elle s’est très bien passé entre les mains expertes du professeur Desgrandchamps et de toute l’équipe qui l’accompagnait au bloc et je les félicite pour leur dextérité que j’ai pu admirer sur l’écran puisqu’ils avaient accepté le principe de la rachianesthèsie qui permettait que je ne sois pas intubé afin de protéger mes cordes vocales. Bref, du super job !

Mais ce qui était troublant c’était depuis mon entrée à l’hôpital, de ne plus jamais voir le visage de personne. Je ne parle pas du bloc, évidemment mais de l’ensemble des services où depuis l’accueil, en passant par les femmes de chambres, chacun en est réduit à sa fonction : fonction infirmière, fonction brancardier, fonction anesthésiste, fonction chirurgien, fonction interne, fonction aide-soignante.. Chacun de ces personnels n’était plus qu’un regard, un geste, une technique, une voix et moi j’étais la fonction “patient numéro 210720 chambre 70”. Les gens se sont laissés envahir par la peur. À force d’être agressés par des messages d’alerte et de prudence “civique” mille fois répétés, ils ont fini par perdre leur libre-arbitre.

Oh, je sais, en lisant quelques commentaires haineux, je suis bien conscient qu’en écrivant cela, je me confronte à un mur d’incompréhension qui se traduit en virulence prosélyte, animée par la foi inaltérable de ceux qui se persuadent du bien-fondé de ces protocoles girouettes, et qui se refusent à croire que les dits protocoles si aléatoires qu’ils soient, n’ont pour fins utiles que d’éviter à ceux qui les édictent une condamnation pour insuffisance le jour où par malheur ils seraient convoqués au tribunal pour s’y justifier. Alors ils en font des tonnes, pour prévenir les reproches. En passant, quelle que soit la part de responsabilité des dirigeants qui se comportent bien souvent en despotes intouchables, je trouve que la menace permanente de procès pour un oui ou pour un nom ne mène qu’à élargir la plaie béante dans le flanc de nos libertés.

Sur le terrain, le personnel médical n’y peut rien, ils se doivent d’obéir aux directives! Les responsables de ce chaos institutionnel sont les gestionnaires administratifs qui imposent ces protocoles ineptes depuis leurs écrans plats.

De même que les mesures de sécurité ne cesseront jamais plus dans les aéroports, de même on peut craindre que la situation de crise sanitaire supposée temporaire va s’éterniser, enfoncée dans les sables mouvants de protocoles manquant autant d’empathie que d’humanité.

Et les petits enfants n’embrasseront plus leurs grands-parents ? Et les voisins ne se serreront plus jamais les mains ?

Voyagerons nous à jamais à côté d’inconnus masqués ?

Feront nous pour toujours la queue sur les trottoirs même en hiver au risque là de tomber bel et bien malade ?

Et les petits enfants n’embrasseront plus leurs grands-parents ? Et les voisins ne se serreront plus jamais les mains ?

Ferons-nous des concerts masqués face à des salles à moitié vides ?

(en passant qu’est ce que c’est que cette interdiction de plus des concerts debout ?)

Est ce que c’est cette vie là qu’on veut laisser derrière nous ?

Est ce ainsi qu’ira la vie jusqu’à la mort ?

Quelle vie de merde!

CharlElie Couture

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.