Le cas italien : une bombe à fragmentation pour l’Union européenne… et la gauche !

Salvini aura déjà réussi un joli coup : me brouiller avec mes amis du Média (mais faut pas déconner, je reste quand même socio à 12 euros/mois !).

Raison de la brouille : l’éviction de Jacques Cotta, coupable de s’être jeté « dans la gueule du loup » italien en voulant consacrer le septième épisode de son émission à la très sensible situation politique transalpine. On peut dire et penser ce qu’on veut de Salvini et de sa bande. Le fait est que ce sont bien eux qui sont aujourd’hui aux manettes. Ignorer cette situation et regarder ailleurs d’un air dégouté me paraît être une d’une irresponsabilité fondamentale.

Aujourd’hui, écrit Denis Collin sur le site La Sociale, « c’est en Italie que se joue l’avenir de l’Europe ». C’est l’Italie de droite « extrême » qui jette un défi à l’UE en proposant un budget renvoyant aux calendes grecques (syrizistes) les règles draconiennes imposées par Bruxelles. C’est l’Italie qui applique scrupuleusement le programme LAEC en désobéissant résolument aux traités européens et en se plaçant dans l’optique d’un choix plan A/plan B.

Que la coalition Lega/M5S ne sente pas franchement la rose est d’une évidence incontestable. Mais qualifier d’autorité cette coalition de « fasciste », comme s’y emploient avec délectation les milieux « progressistes » relève de l’abus d’interprétation.

Denis Collin :

« Le fascisme, c’est la violence politique et les bandes armées. Combien de permanences syndicales ont-elles été saccagées par les hordes salvinistes ? Combien d’antiracistes ou de « no border » ont-ils été contraints de boire de l’huile de ricin ? Combien d’intellectuels ont-ils été déportés aux îles Lipari, combien de communistes mis en prison, combien de députés socialistes assassinés ? »

Reprendre à notre compte, dans une optique de gauche, les véritables problèmes et questions que se pose le peuple d’en bas

Sous l’effet de la crise généralisée et de ses dégâts collatéraux dans les esprits en principe sains, il y a actuellement une sorte de boursouflure des opinions. On peut toujours se polariser sur le sort imbécile infligé par la coalition Lega/M5S à l’infortuné maire de Riace, Domenico Lucano, arrêté et suspendu de ses fonctions pour soupçons d’aide à l’immigration illégale. C’est très con et très détestable, d’accord.

Mais faut-il aussi oublier que le bas peuple italien est sans doute très sensible aux premières mesures sociales annoncées par le gouvernement : un « revenu de citoyenneté » de 850 euros mensuels versé aux plus défavorisés, un abaissement de l’âge de la retraite, un nouveau droit du travail plus favorable aux salariés avec généralisation du CDI et limitions des licenciements… ?

En criant haro sur la moindre objection critique au problème d’immigration, ou en proclamant, comme le fait la France insoumise pour dégager en touche, qu’il faut s’attaquer d’abord aux causes de l’immigration dans les pays d’où elle se produit – comme s’il n’était pas déjà trop tard ! –, la gauche « progressiste » européenne ne se rend-elle pas compte – comme mes amis du Média – qu’elle s’aliène un peu plus le peuple d’en bas qu’elle prétend représenter ? Entendons-nous bien : le but n’est pas de céder aux sirènes de la démagogie, mais d’essayer de reprendre à notre compte, dans une optique de gauche, les véritables problèmes et questions que se pose le peuple d’en bas.

Denis Collin :

« En France, la décomposition de la gauche se poursuit et on fait comme si rien de sérieux ne s’était passé et comme si on pouvait continuer de rabâcher les mêmes litanies. Nous chassons les phobies. Mais il y en une qui se porte bien, c’est la démophobie, la crainte du peuple, la crainte de la parole qui vient d’en bas et que tous les politiques se refusent à entendre. Il serait temps de se déboucher les oreilles et d’entendre que ça branle dans le manche. »

=> Lire aussi : La Sociale

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