La maison de Pablo Iglesias : le mauvais procès fait à un leader de gauche

Toujours à la recherche d’un os à ronger, les médias carnassiers du microcosme viennent de dégoter celui de la nouvelle maison « luxueuse » de Pablo Iglesias (Podemos).

Pablo Iglesias et sa compagne Irene Montero [photo], elle aussi membre de Podemos, viennent d’acquérir une maison (pardon, une « villa », selon les médias) assez luxueuse (« chic », médit la meute) de 270 m2 avec jardin et piscine dans la banlieue de Madrid. Coût total du bijou : 600.000 euros. Crédit bancaire : prêt hypothécaire de 540.000 euros sur 30 ans. Remboursement mensuel : 1600 euros (2 x 800). Rappel revenus d’Iglesias et de Montero : 4400 euros/mois (2 x 2200).

Scandale, hurle la meute, un leader de gauche radicale dans un cocon bourgeois ! Scandale, embrayent hélas certains membres de cette gauche radicale comme José Maria Gonzalez, le maire Podemos de Cadix, qui rappelle le code d’éthique du mouvement enjoignant ses membres de « vivre comme les gens ordinaires pour pouvoir les représenter au sein des institutions ».

Hého, les gars, c’est quoi la vie des « gens ordinaires » ? Faut-il vivre misérablement au RSA pour défendre ceux qui y sont condamnés ? Où les aider à vivre dans un peu plus de confort et d’aisance ? Certes, la villa des Iglesias/Montero est au-dessus de ce que l’on appelle un minimum de confort et d’aisance. Et alors ? Ses propriétaires mènent-ils un train de vie obscène pour autant ? Un revenu de 4400 euros/mois pour un couple (2000 par personne) n’est pas un revenu obscène. Un loyer mensuel de 1600 euros n’est pas à proprement parler modeste, mais n’est pas vraiment rare non plus (allez donc louer un trois-pièces à Paris pour voir).

Être de gauche, ça n’est pas se contraindre à l’austérité et à la précarité

Il y a quelque chose de vraiment agaçant à gauche, c’est cette rigidité morale sclérosante – exploitée évidemment par les médias de droite pour discréditer les contrevenants – qui exige qu’un représentant des classes modestes se contente d’un train de vie janséniste, d’un logement étriqué, et ne se permette surtout pas le moindre écart de dépense, comme un voyage d’avion en classe « affaire » par exemple (suivez mon regard).

Être de gauche, ça n’est certainement pas se contraindre à l’austérité et à la précarité égales pour tous. C’est au nom de tels principes idiots que le camp d’en face dénonce et tente de supprimer les « avantages » des cheminots ou le statut « privilégié » des fonctionnaires. Le nivellement par le bas, de gauche, vraiment ?

Si être de gauche est incompatible avec un certain goût du confort et de l’aisance, alors être de gauche n’a aucun sens et est contraire à la revendication de gauche pour le bien-être de tous. Ce n’est pas la richesse qui est condamnable, mais l’obscénité de la richesse. Posséder cinq maisons, six voitures, un bateau, une moto, un scooter électrique et des centaines de millions d’euros inutiles sur ses comptes en banque comme Nicolas Hulot, voilà qui est obscène. Mais une seule maison un peu chicos et cossue « pour y vivre et non pour spéculer » comme le précise Pablo Iglesias (qui auparavant était simple locataire) ne me choque pas du tout.

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