La génuflexion comme acte de repentance hypocrite

La génuflexion est un acte religieux de soumission et de dévotion à une divinité que tout athée abomine par conviction. Pourtant il y a à mes yeux beaucoup plus “abominable” (et beaucoup plus faux-cul) : la génuflexion comme acte théatralisé de repentance du fort à l’égard du faible.

Les papes, ces souverains pontifes de l’Église catholique romaine, ont souvent donné cette image empreinte de fausse contrition en s’agenouillant devant les pauvres et les gueux. Je déteste cette démonstration gluante d’humilité hypocrite par lequel les forts, en se repentant “spectaculairement” d’être forts face aux faibles, font surtout une démonstration de leur force.

« L’épidémie de repentance continue de frapper », écrit Denis Collin à propos des démonstrations françaises en faveur de Georges Floyd dans un éditorial intitulé « Vivre à genoux ? ». Mais « de quoi s’agit-il ? Quel est le sym­bole ? » s’interroge Denis Collin.

Un pesant remake laïcard des génuflexions cléricales en faveur des pauvres

Se repentir d’une faute, commise par la police d’un autre pays que le leur, c’est s’assimiler aux “Blancs” demandant pardon aux “Noirs”, explique en substance Denis Collin. En somme, un remake laïcard assez pesant des génuflexions cléricales en faveur des pauvres.

Dans son billet, Denis Collin s’en prend particulièrement à l’acte de contrition commis ce mercredi 10 juin par des personnalités de gauche – Olivier Faure, Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon [photo]. Mais reconnaissons que la frénésie de repentance génuflexive s’est emparée d’à peu près tout le paysage politique français, LREM compris, bobos bien-pensants inclus.

La morale de cette histoire est que ces pénibles spectacles hautement médiatisés sont d’abord complètement contradictoires avec la véritable humilité, la repentance sincère. Ensuite, une manière déplaisante de racialiser, donc de restreindre le véritable problème social d’aujourd’hui, la lutte des classes, en le déplaçant qui plus est sur un territoire tiers.

« Ils sont donc tous entrés, de bon cœur dans la logi­que racia­liste et indi­gé­niste, c’est-à-dire dans l’entre­prise de refou­le­ment de la lutte des clas­ses au profit de la lutte des races. Les “Blancs” sont cou­pa­bles et tous les autres sont des pau­vres “domi­nés”. Cette opé­ra­tion repen­tance est fran­che­ment dégoû­tante et, de plus, véri­ta­ble­ment raciste puis­que toutes les ques­tions socia­les sont rame­nées à des ques­tions de race. »

=> Lire l’éditorial de Denis Collin sur La Sociale

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