Savez-vous en quoi consiste le métier d’éditeur ? À rester froid face aux manuscrits qui pourtant le passionnent et qu’il va publier ; à analyser froidement un texte, l’ausculter froidement, le découper en morceaux, froidement, pour aider l’auteur à l’améliorer, à les recoller dans un sens différent parfois, pour en renforcer l’impact, même principe que le montage d’un film.
Mais allez donc rester froid devant le livre de Bob Solo, La Fée lumière ! Vous n’avez pas parcouru une page de ce manuscrit que vous vous accrochez à votre fauteuil, submergé par l’émotion, inondé par les larmes, en colère aussi.
Bien sûr, La Fée lumière, commence par une histoire de mort. Celle, brutale, d’une bien-aimée. L’hommage rendu par Bob Solo à Sophie Besse, la disparue, est bouleversant. Sa peine, immense.
La vie pour triompher de la mort
Mais le miracle du livre de Bob opère peu à peu. Petit à petit, au fil de ces lignes douloureuses, la vie reprend le dessus, renaît sur les décombres d’une existence brutalement, injustement enlevée. Page après page, le deuil – car c’est ainsi qu’on l’appelle – s’accomplit. La Fée lumière n’est pas un livre de mort, mais un combat pour la vie, pour la re-naissance.
Le sujet de Bob Solo est un sujet universel qu’il convient de remettre inlassablement sur le tapis, parce qu’il nous concerne tous individuellement. Chacun, j’en suis sûr, a des exemples qui lui viennent à l’esprit. La disparition d’un être cher, bien sûr, mais aussi celle d’un cadre de vie impitoyablement disloqué par des prédateurs, les images intolérables de tragédies inacceptables frappant à nos portes…
En ce sens, La Fée lumière, ce cri déchirant de Bob Solo, est un élixir indispensable pour nous aider à surmonter le désespoir, un baume apaisant pour tenter de rebâtir l’espoir, une toute petite première pierre fragile, ténue, mais têtue, pour revenir à la vie.
