Cette désobéissance civile qui monte, qui monte…

La rupture entre un pouvoir et ses administrés est consommée lorsque la désobéissance civile se répand dans la société civile. En cette période de second confinement, faites donc une petite enquête de proximité auprès de vos voisins ou des passants et vous allez être surpris de constater à quel point le contournement des interdictions est devenu la règle.

J’ai dans mon entourage quelques petits vieux bien mis sur eux qui pratiquent l’arnaque aux « attestations de déplacements dérogatoires » à grande échelle, allant jusqu’à en remplir une demi-douzaine par jour, ce qui leur fait la bagatelle de six heures de balade pour des « déplacements brefs dans la limite d’une heure quotidienne » ! D’autres, plus jeunes et plus techniquement avertis, actualisent régulièrement les leurs grâce au générateur d’attestation officiel figurant sur leurs smartphones. Il faut voir les sourires complices échangés en coin quand vous évoquez avec eux leurs petites insubordinations. Rien de tout cela n’existait à cette échelle lors du premier confinement.

Plus inquiétant pour la bande de malfaisants au pouvoir : la révolte de maires qui ne se contentent désormais plus de protester contre des interdictions venues d’en haut, mais prennent des arrêtés municipaux qui vont complètent à leur encontre.

Des fractures peu rassurantes pour le régime

Bien sûr, rien qui présage d’une situation insurrectionnelle imminente. Bien sûr les arrêtés des maires frondeurs seront très probablement recalés par des préfets zélés. Mais le ver est dans le fruit et révèle des fractures qui n’ont rien de rassurantes pour le régime Macron :

  • le discrédit désormais total de ce régime aux yeux de l’opinion, au point de ne même plus parvenir à imposer la peur de ses gendarmes et de leurs amendes à 135 euros.
  • l’indifférence à l’alarmisme effréné des autorités politiques et sanitaires à propos du Covid, en tout cas l’acceptation consentie de vivre correctement avec ce virus.

Le travail de sape entamé par les Gilets jaunes en novembre 2018 (avec le soutien jamais démenti de l’opinion publique), poursuivi en 2019 par des classes moyennes excédées (personnel soignants, avocats…) est en train de porter se fruits. Oh certes, les sociétés civiles sont rarement à l’origine des soulèvements révolutionnaires, mais les révolutions ne deviennent possibles que lorsque l’opinion publique bascule dans la désobéissance civile après s’être affranchie de ses peurs et de sa soumission à l’ordre établi. Le grand reporter anglais Robert Fisk, qui vient de mourir il y a quelques jours, écrivait :

« Une fois qu’un peuple n’est plus terrorisé, on ne peut lui réinjecter la peur. »

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.