La Chine, un émergent sur la même pente que les pays occidentaux

On l’a vu, les pays émergents subissent de plein fouet les caprices d’un banque fédérale américaine (Fed) cherchant à tarir une planche à billets devenue folle. Mais au-delà de ces douloureux contrecoups, il serait intéressant de se pencher sur le sort particulièrement périlleux du géant des émergents, la Chine.

1/ La dette extravagante des régions chinoises

Le gouvernement chinois vient lui-même de s’inquiéter officiellement du danger que fait courir la dette extravagante des régions chinoises (2,2 billions — 2 200 milliards — d’euros) sur l’avenir économique du pays (lien en allemand).

28% de la totalité de cette dette est aujourd’hui « en souffrance ». En clair, le montant des remboursements que certaines régions sont aujourd’hui incapables d’honorer équivaut à plus du quart du montant total de la dette.

2/ Des banques coopératives en péril sur fond de spéculations immobilières

En Chine orientale (partie en principe la plus riche du pays), plusieurs banques coopératives ne sont plus aujourd’hui en mesure de payer elles-mêmes leurs déposants (lien en allemand). En jeu, plusieurs centaines de millions de yuans.

Trois d’entre elles ont dû cesser leur activité. Les autorités enquêtent sur une possible fraude financière (une utilisation abusive des dépôts par les banques à des fins de spéculations immobilières).

Mais le mal est fait. Et on sait que la bulle immobilière est aujourd’hui un des points les plus névralgiques de l’économie chinoise.

3/ Tensions répétées sur le marché interbancaire

Après l’alerte de juin, décembre 2013 : la banque centrale chinoise à dû à nouveau injecter en catastrophe des centaines de milliards de yuans dans son système financier en panne sèche de liquidités (lien).

Et tenter ainsi d’éteindre une dangereuse flambée des taux interbancaires chinois, témoignant des graves tensions sur le marché monétaire (taux de refinancement à 7 jours remonté jusqu’à 9,8 % !)

4/ Une dépendance très hasardeuse à la situation américaine

Malgré les efforts des autorités pour s’en dégager, la Chine reste, et de loin, le premier détenteur de devises (3 660 Mrd USD à fin septembre 2013) et de dette américaine (1 277 Mrd USD en bons du Trésor). (Lien).

Elle demeure donc tributaire de la situation extérieure d’un pays bien plus fragilisé que ne veulent le faire croire les évangélistes d’une pensée unique criant à une reprise… quasi exclusivement financée par la planche à billets de la Fed. (Et ce n’est pas les dernières mesures prises par cette dernière qui vont arranger les choses.)

En conclusion, la Chine affronte aujourd’hui les mêmes symptômes alarmants que les pays occidentaux en 2008/2009, période de la fameuse déconfiture financière. Avec de surcroit une contraction confirmée de son économie.

Et chaque point de friction (celui des banques coopératives chinoises en difficultés, par exemple) apparaît, non comme un problème isolé aisé à traiter, mais comme un élément constitutif d’un ensemble autrement plus difficile à maîtriser.

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