Formidable billet dans le blog de Jorion par un certain Belge : << Le spectre de Néron >>, cette ombre désolante qui pèse si fort sur << l’Homme Occidental >> et sa civilisation en pleine folie décomposition.
<< Osons regarder en face l’Homme Occidental véritable : c’est Néron, ému aux larmes en jouant suavement de la lyre, cependant que le monde incendié par ses soins brûle dans le lointain… >>
Un peu bizarre de se retrouver dans la peau d’un fou furieux, n’est-ce pas ? Mais attendez, la description assassine n’est pas terminée…
<< Voici l’évêque qui monte en chaire pour prêcher le massacre du Sauvage ou de l’Infidèle au nom du Christ… Voici l’économiste du FMI qui condamne à mort, d’une équation, des millions d’hommes, de femmes et d’enfants à travers le monde… >>
Le problème, selon notre Belge, c’est que notre Homme Occidental, après avoir ravagé les vieilles terres colonisées, ne trouve rien de mieux que de foutre le feu à sa propre cité. Comme ce dingue de Néron. Après l’incendie de Rome, la « Grande perdition ».
Réflexe de Pavlov
Que peut le plébéien ordinaire face à ce déluge de bêtise suicidaire ? Pas grand chose en fait, tant il est pris dans les rets des carcans mentaux que son éducation lui inflige. Au point de se sentir coupable dès lors que son esprit torturé est confronté à des pensées un tant soit peu transgressives.
On le vit bien sur Rue89 dans les commentaires qui suivirent mon précédent billet où l’économie souterraine était présentée comme << une planche de salut vitale pour les populations précarisées >>. Sachant bien sûr que cette << planche de salut >> relève moins d’un nouvel ordre social, économique et politique que du pis-aller imposé par l’urgence.
Le réflexe de Plavlov n’a cure de telles précisions. Nombre de commentateurs laissèrent éclater leur indignation : le Yéti encourage << la fraude aux cotisations sociales [???] >>, << l’économie souterraine c’est plus souvent le capitalisme en pire >>, << L’honnête citoyen qui respecte règles du jeu et obligations fiscales se retrouvent à devoir payer (plus) pour ceux qui s’en moquent >>…
Hollande dans le rôle de Néron
En bref, l’économie parallèle serait une atteinte aux acquis sociaux, à la sécurité sociale, aux pensions de retraites. Qui ne profiterait qu’aux riches et ne pénaliserait que << le pauvre bougre qui s’est coltiné le boulot >>.
Ben tiens, parlez-en donc aux Grecs, aux Espagnols et aux Portugais qui aujourd’hui ne peuvent plus se nourrir correctement que par les marchés parallèles (lisez, la débrouille). Qui aujourd’hui, de la Commission européenne ou du petit fraudeur au fisc, détruit le plus sûrement les services publics et les protections sociales ?
Sonnez pipeaux, chanter trompettes, l’ordre établi est bien protégé, même par ceux qui en pâtissent le plus. Si Néron put brûler Rome, c’est parce que les Romains se laissaient ensorceler par sa lyre, paralyser par un vieil ordre hiérarchique pourtant déliquescent.
François Hollande, avec une lyre, une toge et une couronne de laurier, vous ne lui trouvez pas des petits airs de Néron ?