
7 août 2017 : la Chambre des députés et le Sénat italiens adoptent une loi Travail de gauche initiée par un gouvernement de droite qualifié de plutôt extrême.
Quand la coalition très à droite Liga/Mouvement 5 étoiles (M5S) parvint au pouvoir en Italie, nos pires craintes furent immédiatement vérifiées : la furie obsessionnelle anti-immigrés dépassait largement le cadre d’un simple réflexe protectionniste de la part d’un pays ayant subi tout seul, des mois durant, le choc migratoire, lâché par ses chers voisins européens.
Et puis peu à peu, les choses commencèrent à basculer. On s’aperçut d’abord que le nouveau pouvoir italien faisait mieux que résister aux injonctions de Bruxelles. Et que c’était même les partenaires européens qui semblaient désarçonnés par la détermination du gouvernement Conte à vouloir préserver les intérêts et la souveraineté de son pays.
Une loi que ne renieraient pas les Insoumis de l’Avenir en commun
Or voilà que sous l’impulsion du ministre du travail Luigi Di Maio, par ailleurs chef de file du parti M5S [photo], une nouvelle loi Travail vient d’être d’adoptée que ne renieraient sans doute pas les Insoumis de l’Avenir en commun.
Jugez-en :
- limitation de la durée des CDD à deux ans (contre trois auparavant) ;
- nombre de renouvellements de CDD limité à quatre avec augmentation croissante des charges sociales patronales à chaque renouvellement (+0,5% dès le premier) ;
- au-delà de douze mois, les entreprises devront justifier la prolongation d’un CDD… qui sera automatiquement transformé en CDI en cas de justifications insuffisantes ;
- nombre d’emplois temporaires limité à 30% de l’effectif total d’une entreprise ;
- augmentation des indemnités pour licenciements abusifs et bonus pour les entreprises procédant à des embauches effectives ;
- remboursement des aides de l’État versées aux entreprises en cas de délocalisation dans les cinq ans qui suivent ; et remboursement porté de deux à quatre fois le montant des aides versées si cette délocalisation s’effectue en dehors des frontières de l’UE !
La gauche en carafe ?
Précisons que cette loi a été adoptée le 7 août par la Chambre des députés italiens (y compris par ceux de la Liga de Matteo Salvini, pourtant jugée très proche des patrons du nord), puis ratifiée dans la foulée par le Sénat.
Bref de quoi donner de sacrées migraines aux entrepreneurs, aux technocrates européistes et à la médiasphère mainstream (« loi controversée », titre Le Monde qui à ma connaissance n’a jamais employé ce qualificatif pour les deux lois Travail régressives successivement promulguées en France).
Mais les mouvements et partis de gauche européens, englués dans leurs rapports ambiguës avec l’UE, ont aussi beaucoup de soucis à se faire. Imaginez seulement que les mesures de gauche prises par ce gouvernement italien de droite dure donnent les résultats sociaux escomptés…