Italie : quand les coalitions passent dans l’opposition (au système)

Frappés par la vague de dégagisme, les partis traditionnels dits de gouvernement sont de plus en plus contraints de former des coalitions pour garder le pouvoir. Or ce qui ressort des dernières législatives italiennes, c’est que même ces coalitions de fortune sont en train de passer dans l’opposition.

Le 8 mai 2013, j’écrivais ceci :

« Sous le choc de la “Grande perdition”, parions qu’ils [les partis de pouvoir français, ndlr] finiront en pathétique coalition de survie comme nombre de leurs coreligionnaires étrangers (Grèce, Italie…) »

Depuis 2013, face à la montée de partis hors cadre comme le Mouvement 5 étoiles, l’Italie est dirigée par une « Grande coalition » formée du centre droit et du centre gauche. En Grèce, bousculés par la crise, la Nouvelle démocratie (centre droit) et le PASOK (socialiste) s’arcboutèrent comme ils purent en coalition jusqu’aux législatives de janvier 2015, date de la victoire de Syriza.

Ce phénomène de coalition a depuis frappé des pays comme l’Espagne, l’Irlande, le Portugal et plus récemment la France (LREM étant une coalition de fait entre dissidents de LR et du PS) et l’Allemagne.

La gauche en panne

Le fait nouveau survenu dimanche dernier  en Italie, c’est que la coalition gagnante (entre l’extrême-droite de la Ligue du nord et le « centre-droit » de Berlusconi) se situe résolument hors système (d’autant que l’extrême-droite y arrive avant le parti de Berlusconi). Ajouter à cela, l’excellente performance du Mouvement 5 étoiles arrivé en 1ère position avec environ 31% des voix et vous obtenez un paysage politique très majoritairement hors système.

On notera que s’il y eut un tel basculement en Grèce avec l’arrivée de Syriza en 2015, ce parti ne demeura hors système que huit petit mois, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’Alexis Tsipras rentre assez piteusement dans le rang.

Ainsi donc, le phénomène de coalition, qui apparaissait jusqu’alors comme réflexe de défense du système contre ses détracteurs, est en train de basculer en majorité de coalition anti-système.

Seul hic dans ce processus : c’est la droite, et même surtout l’extrême-droite, qui en profite, faute d’une mobilisation à gauche suffisamment convaincante (à l’exception notable de la France où la montée de la France insoumise semble se faire au détriment d’un Front national en régression).

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