Italie : le coup de poker désespéré du président européiste Mattarella

En Italie, comme dans beaucoup d’autres pays européens, la vague « populiste » anti-UE, anti-euro, taille des croupières aux européistes sur le reculoir.

Lors des dernières législatives, l’Italie n’a pas failli à la règle, consacrant la victoire d’une coalition eurosceptique – pour ne pas dire carrément europhobe : la Ligue et le Mouvement 5 étoiles (M5S), une sacrée épine dans le pied endolori de l’UE.

Problème, ces deux associés politiques de circonstance devaient passer sous les fourches caudines d’un président très européiste (pour ne pas dire béatement europhile), Sergio Mattarella [photo ci-dessus], pour imposer le nouveau gouvernement.

Un président acculé jouant le tout pour le tout dans un réflexe d’autodéfense suicidaire

Sergio Mattarella vient de refuser la liste proposé par le Premier ministre pressenti, Giuseppe Conte. Motif : un ministre de l’économie, le vieux Paolo Savona, ancien ministre (1993-1994), 81 ans, considéré par Mattarella comme persona non grata depuis qu’il a désigné l’euro comme une « cage allemande » pour l’Italie. Sergio Mattarella précise même sans ambages, la véritable raison de son refus : protéger les marchés financiers :

« Dans mon rôle de garant, je ne pouvais pas accepter un choix qui aurait pu conduire à la sortie de l’Italie de l’euro et provoquer les inquiétudes des investisseurs italiens et étrangers. »

L’avis des électeurs là-dedans, mon cul ! Le geste du président Mattarella a pourtant tout d’un sursaut désespéré d’autodéfense euronouille. Désespéré pourquoi ? Eh bien parce que Mattarella, va devoir nommer un gouvernement de transition, chargé d’expédier les affaires courantes, et qui sera à coup sûr retoqué par la majorité parlementaire conduite par la Ligue et le M5S, ce qui conduira inévitablement à de nouvelles élections.

Or, les derniers sondages donnent une progression significative au camp « populiste » (comprenez eurosceptico-phobe), et tout particulièrement à la Ligue emmenée par Matteo Salvini, qui jubile à l’idée de se voir offrir une telle perspective.

Le coup de poker désespéré de Mattarella, président acculé jouant le tout pour le tout dans un réflexe d’autodéfense suicidaire, risque donc fort de se transformer en noir cauchemar pour son joueur et ses mandataires de Bruxelles. En même temps qu’il démontre une fois de plus en quelles considérations, ils tiennent les verdicts démocratiques.

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