De la totale inutilité de ces élections législatives

La campagne des prochaines élections législatives est en train de s’enfoncer dans le plus ennuyeux des ennuis. Franchement, qu’est-ce que vous lui trouvez de folichon à ce troisième tour de la présidentielle ? Est-ce surprenant ?

Dire que c’est à un « socialiste », Lionel Jospin, viré à juste titre dès un premier tour resté dans les annales (2002), que l’on doit cette caricature de démocratie : la tenue en rang serrée de l’élection présidentielle et des élections législatives !

Une Chambre d’enregistrement

Avec priorité à la première. Ce qui fait que les secondes ne sont finalement là que pour conforter le résultat de la précédente. La forme à défaut du fond.

Et que depuis ce temps, la Chambre de députés n’est plus qu’une morne alcôve d’enregistrement législatif d’un pouvoir exécutif laissé sans autres véritables freins que son incompétence et ses échecs.

Plus un moyen commode pour quelques notables de trouver une source de revenu personnel assurée plutôt que de promouvoir une politique résolue (cf. les dufloteries carriéristes d’EELV auprès du PS). Qui se soucie vraiment, d’ailleurs, de donner le change ?

Pire, toute trace de proportionnelle en a été éradiquée. Ce qui fait qu’un parti obtenant entre 15 et 20% des suffrages exprimés n’a que peu de chances d’y être sérieusement représenté. En bref, la concrétisation de facto d’un bipartisme institutionnel sclérosant et de la présidentialisation des institutions républicaines.

Enfin, la crise donne un pouvoir accru à des instances européennes non élues comme on vient de le voir avec les injonctions faites sans tarder par la Commission de monsieur Barroso à notre nouveau pouvoir socialiste. Et l’on parle de plus en plus d’une union budgétaire européenne qui enlèverait de fait la principale prérogative de ce qui n’est plus guère qu’une Chambre d’apparat démocratique.

Nonchalance d’un choix

À quoi sert donc, dans ces conditions, d’aller voter le 10 et (éventuellement) le 17 juin à ces élections de série B marquées par une abstention grandissante ? Faut-il à l’avenir les coupler à la présidentielle comme le propose les inénarrables Verts ? Ce serait à coup sûr les achever.

Pour ma part, j’essaierai d’être fidèle à ma logique: voter pour un programme — celui du Front de gauche, en l’occurrence — plus que pour un candidat. Non pas dans le fol espoir de voir une véritable surprise émerger des urnes. Il n’y en aura pas. Le pays n’est pas encore suffisamment au fond de l’abîme pour s’offrir une telle audace à la Syriza.

Mais pour prendre date sur quelques lignes de mesures de sauvetage à venir. Et contribuer autant que faire se peut à les populariser.

Pour le reste, pêche à la ligne et pastis sans illusion entre ami(e)s. Les pistes du salut empruntent désormais d’autres chemins que ceux des isoloirs. Hélas !

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.