
Se polariser sur le racisme de la police est une erreur. La police n’est pas plus raciste – je veux dire anti-noirs ou anti-cafés crèmes – qu’elle est anti-Gilets jaunes, anti-pauvres, anti-personnels soignants, anti-pompiers, anti-défenseurs du système de retraites par répartition…
La police est juste au service d’une classe dominante et est – sur ordre de celle-ci – anti-tout ce qui menace les intérêts de classe de ces privilégiés. Plus ceux-là sont ou se sentent menacés et plus leur police cogne, indifféremment, sur les noirs, les cafés crèmes, les Gilets jaunes, les personnels soignants, les avocats, les pompiers, les défenseurs du système de retraites par répartition… Bref, sur tous ceux qui font mine de se rebiffer.
Désigner la classe dominante comme l’ennemi commun à abattre
Se polariser sur le racisme de la police, c’est postuler qu’elle défendrait les intérêts des blancs sans distinction. Où avez-vous vu que la police volait au secours des intérêts des Gilets jaunes, des personnels soignants, des avocats, ces pompiers, des défenseurs du système de retraite par répartition, tous à dominante de peau très blanche ?
Éparpiller les luttes en fonctions de leurs différences de nature peut se comprendre. On ne se révolte vraiment que contre ce qui nous touche directement. Mais c’est bien évidemment réduire la portée de toutes ces révoltes que de les maintenir en état d’émiettement, pire en les opposant les unes les autres.
Petit à petit, les révoltes se multiplient, et à raison. Mais elles ne parviendront à leurs fins qu’en se coagulant et en désignant leur ennemi commun. Même pas la police, d’ailleurs, qui n’est que le bras armé assez balourd de la classe dominante, mais la classe dominante elle-même, l’ennemi commun à abattre.
On est ensemble ?? pic.twitter.com/jaLHC0iqC3
— Taha Bouhafs ? (@T_Bouhafs) June 8, 2020