<< L’insurrection civique a commencé en Europe >> (Jean-Luc Mélenchon)
L’évènement qui a marqué le week-end dernier n’est pas le second tour, mollement répétitif et mornement utilitaire, de la présidentielle française. Il est le fait des électeurs grecs lors des législatives organisées dans leur pays.
Pour la première fois de toute leur histoire, les deux tiers environ de ces électeurs ont envoyé dinguer les deux partis institutionnels que sont la Démocratie chrétienne (droite) et le PASOK (socialiste).
Un camouflet résolument de gauche
N’en déplaise à nos médias du microcosme qui se repaissent évidemment de la seule émergence des crétins nazillons de l’Aube dorée (6,97 %) au parlement d’Athènes, c’est bien la gauche radicale qui a créé la sensation.
Là encore, les éternels pinailleurs de cheveux en quatre feront valoir que cette gauche-là est bien divisée, souvent opposée, patati, patata… Il n’empêche !
- Un parti émerge largement du lot, la coalition Syriza (16,77 % , très proche du Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon, qui se glisse en deuxième position, entre la Nouvelle démocratie (18,87 %) et le PASOK (13,19 %).
- Les deux partis institutionnels n’ont même plus la majorité absolue à eux deux (149 élus quand il en faudrait 151).
- Les électeurs grecs ont mouché en un seul tour de scrutin, et leur propre microcosme, et les voyous de la Troïka financière (BCE, Commission européenne, FMI).
Voici, pour les pointilleux, les résultats définitifs sur 99,42 % des bureaux de vote arrêtés au lundi 7 à midi (piqués chez Jorion) :
Partis | Sièges | Pourcentage |
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108 | 18,87 % |
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52 | 16,77 % |
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41 | 13,19 % |
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33 | 10,60 % |
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26 | 8,48 % |
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21 | 6,97 % |
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19 | 6,10 % |
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2,93 % | |
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2,90 % | |
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2,56 % |
Les leçons de l’histoire
Quelles leçons tirées de cette édifiante histoire grecque en forme de début de révolution par les urnes dans un pays européen ?
D’abord celle-ci : l’élite microcosmique hellène, mais aussi la nôtre, sont si estomaquées par ce camouflet fait à leur omnipotence omnisciente qu’elles ne nous donnent plus — réflexe probablement d’autodéfense — que le résultat cumulé de leurs deux formations déchues : en gros, UMPS grecque = 32,06 % des suffrages, 149 élus, point !
Et d’insister en parlant sans pudeur de coalition au pouvoir, ce qui en dit long sur le degré de connivence de ces formations prétendument opposées, l’une de droite, l’autre de gauche convenable.
Du déchet dans la révolte (nazillons, communistes grecs staliniens…) ? Hé bé oui, c’est comme ça quand on joue avec le feu du chaos social. Aucun « vote utile » n’y peut rien, au contraire. Quand ça pète, ça ne pète pas forcément propre.
Aujourd’hui, le microcosme interloqué se demande si la Grèce va quitter ou non la zone euro. Ce n’est pas la Grèce qui va quitter la zone euro, mais la zone euro qui va quitter la Grèce. Et tous ses pays membres. La zone euro du traité de Lisbonne est en état de mort clinique.
Il est ici une nouvelle fois démontré qu’il lui faut toucher le fond pour qu’un peuple se rebiffe. Ce fut aussi le cas ce décisif week-end avec << la raclée reçue par David Cameron aux élections locales, la débâcle municipale de la droite italienne >> (François Leclerc). Pas encore notre tour, apparemment, au vu des résultats de notre propre présidentielle, mais ça va venir !