« Grande mutation » : pour une cour de justice populaire

À peine quitté leurs fonctions, nos deux derniers présidents de la République se sont vus poursuivre derechef par la justice. Et même condamné, pour le plus vieux des deux, pour des faits commis avant sa période d’exercice. Ce qui fait que nous eûmes au moins un malfaiteur comme président de la République pendant douze ans. En attendant le verdict pour le second !

Avouez qu’elle a bon dos l’opportune immunité présidentielle, non ? On attend toujours que le nouveau fasse annuler comme il l’avait promis ce privilège de coupable. Une immunité, c’est toujours accordée à des coupables en puissance. Les honnêtes gens n’en ont pas besoin.

Rubrique faits divers crapuleux

Mais les promesses, n’est-ce pas ? Qu’est-ce qu’on attend pour confier au Conseil d’État ou à son cousin constitutionnel une procédure d’impeachment à l’encontre des présidents indélicats menant une politique carrément à l’opposé de ce qu’ils promettaient quand ils étaient candidats ?

Et attendez, y a pas qu’eux ! Quid de ces élus condamnés, ou tenant la justice en respect avec force procédures procédurières, brandissant des présomptions d’innocence usées à l’os, s’accrochant à la bouée des prescriptions légales, revenant par la fenêtre quand ils sont chassés par la porte, comme de vulgaires Berlusconi fuyant l’orage justiciaire ?

Quid de ces entrepreneurs et financiers continuant de se faire accorder chaque année des augmentations de revenus insultantes en dépit de la crise, distribuant primes et dividendes écœurants… tout en multipliant les plans sociaux et les économies sur le dos des salariés ? Bref, dépeçant en toute connaissance de cause et à leur unique profit la bête avant qu’elle ne meure.

Qu’attendent les tribunaux pour frapper de bannissement les gros pleins du coffre(-fort) partis planquer leurs lingots dans d’improbable villages belges ? Ou demandant même carrément la nationalité au paradis fiscal qui les accueille ? Qu’attend la justice pour saisir les biens que ces fuyards obscènes ont laissés dans leur pays d’origine ?

Une justice populaire fondée sur les droits de l’homme et du citoyen

Bon, j’arrête là la liste des vauriens de tout acabit et de leurs méfaits. Si les postulants de la nouvelle élite — z’entendez, les Mélenchon, les Tsipras ? — voulaient gagner du temps et baliser leur éventuelle arrivée au pouvoir, ils mettraient tout de suite sur pied les fondations d’une véritable cour de justice populaire pour mettre un terme à ces agissements de voyous.

Oui oui, bien sûr, j’entends les cris d’orfraie des éternels Assis, brandissant leurs épouvantails éculés, généralement poussés au cul par ceux qui ont tout à craindre de ce genre de proposition : comité de salut public, purge expéditive, procès staliniens !

Ben non, c’est tout l’inverse. Une véritable cour de justice populaire ne saurait s’épargner, elle, le respect des droits de l’homme et du citoyen. Elle ne s’appuie pas sans vergogne sur la sauvegarde à tout prix de quelques exorbitants privilèges privés.

Elle garantit aux individus, même aux pires criminels, leurs droits fondamentaux : la vie, l’intégrité physique et morale, la nationalité. Mais elle est fondée de retirer les droits qu’elle accorde à ceux qui contreviennent à ses règles élémentaires. Ce qui est en question ici, ce sont ces règles élémentaires.

Les futurs prévenus auraient d’ailleurs toutes garanties à y gagner au cas où, par exemple, les foules en colère franchiraient les dernières barrières de sécurité, ceintureraient les palais présidentiels au point de contraindre l’occupant en place à la fuite. Pures divagations irréalistes d’un esprit échauffé ? Demandez donc au président égyptien Morsi

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.