Grande crise : exit l’Europe et les États-Unis, au tour de la Chine…

Tandis que l’Europe et les États-Unis ont d’ores et déjà sombré dans les affres de leurs dettes hypertrophiées, il y a toutes les chances que la Grande crise attaque désormais les fragiles fondations de la Chine (et autres pays émergents).

Passons rapidement sur le constat de décès systémique avéré chez l’ancien maître d’empire et ses satellites européens. Même une Christine Lagarde ne se hasarde plus à le remettre en cause.

La décomposition finale de l’empire occidental

Les métastases de la dette n’en finissent pas de ronger les pays de l’Europe. Ceux-là tombent comme des mouches (l’Italie en dernier lieu). Leurs dirigeants errent en pleine confusion, totalement incapables de la moindre décision collective, impuissants, même plus fichus de se fixer un simple rendez-vous.

N’ont finalement plus d’autres alternatives que d’admettre un « défaut partiel » de paiement pour leur maillon le plus faible, la Grèce (vous noterez le savoureux « partiel »).

Situation similaire aux États-Unis où, quel que soit l’hypothétique accord bâtard pondu avant la date fatidique du 2 août entre le Congrès républicain et un président démocrate de plus en plus acculé, le résultat sera le même : un encéphalogramme économique obstinément plat et la poursuite d’une irrésistible décomposition.

Un pays fédéral dont plusieurs États ne sont même plus en mesure de payer depuis plusieurs mois les retraites de leurs fonctionnaires est une puissance définitivement has-been.

Les trois problèmes intérieurs de la Chine

Beaucoup ont avancé que la Chine allait profiter de la Grande crise et du déclin américain pour s’emparer du leadership mondial. C’est ignorer combien le système mondialisé lie le sort de chaque pays aux risques et périls d’entrainer l’ensemble par le fond.

On notera d’abord que l’empire naissant se heurte à trois irritants problèmes intérieurs :

  • une bulle immobilière au bord de l’implosion ;
  • une surchauffe du crédit que les dirigeants chinois tentent de circonscrire en augmentant les taux d’intérêts ;
  • une inflation tenace (sur les produits alimentaires, notamment) qui ronge la croissance, met à mal la consommation intérieure, et accentue les déséquilibres sociaux déjà cruciaux dans le pays.

Deux plaies ouvertes par « l’étranger »

Or, deux plaies ouvertes de l’extérieur sont en voie de s’envenimer et de compliquer considérablement ce qui pourrait passer pour les aimables échauffements de jeunesse d’un pays dit « émergent » :

  • le commerce extérieur dont la Chine a un besoin vital risque fort d’être mis à mal par l’effondrement économique des partenaires occidentaux ;
  • la Chine possède quelques 1317 milliards de dollars de dette américaine, sous forme d’obligations dépendant bien évidemment de la « bonne santé » du pays émetteur.

Autant dire que sur ces deux tableaux, rien n’est gagné, bien au contraire !

Encore de beaux jours bien saignants pour la Grande crise

La Chine peut toujours essayer de diminuer son exposition à une dette américaine de plus en plus vérolée (elle s’y emploie depuis novembre 2010), elle reste cependant encore très fragilisée par ses réserves excessives en devises étrangères.

Quant à remplacer un commerce extérieur par une demande intérieure accrue, outre le fait de rajouter à la surchauffe actuelle de l’économie chinoise, cela supposerait une révolution sociale dont il n’est pas sûr que le régime ait politiquement envie. Donner des idées à une population sevrée et risquer une révolution chinoise à la sauce arabe, manquerait plus que ça !

Terminons en soulignant que ce qui menace aujourd’hui un colosse comme la Chine met d’autant plus en danger des pays émergents aux infrastructures beaucoup plus vulnérables (Brésil, Inde…). En clair, la Grande crise a encore de beaux jours bien saignants devant elle.

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