
Et on souhaite un bon anniversaire à cette belle âme qui a enchanté nos oreilles depuis tant d’années.
Gilles Vigneault a eu 90 ans le 27 octobre. Il est né en 1928 à Natashquan, un village auquel on n’accédait que par bateau jusqu’à la construction assez récente d’une route.
« Il faut nous aimer sur terre
Il faut nous aimer vivants
Ne crois pas au cimetière
Il faut nous aimer avant. »
C’est Georges Brassens qui cite ces vers de Paul Fort en apprenant la mort de Jacques Brel. Regrettant de ne pas lui avoir assez dit quel amour il lui portait. Alors on n’attend pas que Gilles prenne le billet de son dernier voyage pour programmer une série de ses chansons.
Un concert chez nous en 2005. Après une première chanson debout Gilles Vigneault va s’asseoir pour chanter en tapant des pieds sur une plaque de bois. C’est la modernisation de l’époque où, chez nos cousins du Québec, l’on marquait le rythme avec les sabots sur le plancher. Gilles Vigneault s’assoit. Et se relève comme un ressort avant de commencer cette deuxième chanson. Et nous dit en substance :
On a été voir Gilles Vigneault. Oh, tabarnac, il a baissé ! Tu te rends compte, il est allé s’asseoir dès sa deuxième chanson ! Bon, c’est vrai qu’il a tout de même soixante-dix-sept ans… Alors non, non et non ! Qu’on se le dise. Je ne m’assois que pour taper des pieds. Pas parce que j’ai soixante-dix-sept ans. S’il y a un médecin dans la salle, il peut écouter mes chansons ben tranquillement, je n’ai pas besoin de lui.
La salle se marre. Et, après deux heures trente de concert, d’aucuns se disent qu’ils aimeraient bien avoir la pêche de Gilles Vigneault quand ils auront soixante-dix-sept ans.
En voilà du bon bois ! Il vient d’avoir 90 ans et il s’est encore produit quelques fois cette année. Pas des concerts classiques mais des veillées accompagnées d’un pianiste où il raconte, chante et dialogue avec le public. Des veillées un peu comme on en faisait à Natashquan quand les hivers étaient bien longs et qu’on n’avait pas de route permettant d’espérer l’arrivée de voyageurs.
Ce 27 octobre il y a encore eu une veillée télévisée avec Gilles et toute une tripotée de plus jeunes qui ont chanté les chansons de Vigneault. Nous autres, les cousins qui vivons de l’autre côté de la flaque à harengs, on aura peut-être la chance de pouvoir la regarder sur la toile un de ces jours.
Bien des chansons de Gilles Vigneault font le portrait d’une personne. Pas de capitaine d’industrie, de riche prétentieux ou de paltoquet en quête de voix aux élections. Rien que des gens comme tu en rencontres dans ton village ou dans ta rue. Avec leurs soleils et leurs petits travers. Avec leurs joies et leurs peines. Des gens simplement humains que l’on aime. Des gens comme Gilles Vigneault que l’on aime.
« Le temps que l’on prend pour dire : « Je t’aime » / C’est le seul qui reste au bout de nos jours » Gilles Vigneault chante « Gens du pays ».