Gilets jaunes : message d’un « vieux » qui n’a plus rien à perdre à des jeunes qui ont tout à gagner

Le soulèvement des Gilets jaunes arrive à un moment crucial de son histoire. C’est pourquoi le « vieux » que je suis voudrais dire deux mots aux jeunes qui l’animent.

Parmi ces jeunes (et ces moins jeunes !), j’en citerai quatre (par ordre alphabétique pour pas faire de jaloux) : Éric Drouet, Ingrid Levavasseur, Priscillia Ludosky, Maxime Nicolle (« Fly Rider » 😀 ). NB : je n’ai pas leurs coordonnées persos, si des lecteurs veulent bien faire suivre mon petit message aux intéressés, ce serait cool.

J’ai réussi à les trouver sur leurs réseaux, j’écoute leurs « live », leurs interventions, leurs discussions. Je suis frappé par leur intelligence, leur lucidité. En plus, ils sont sympas, ce qui ne gâte rien.

Tous affichent, à juste titre hélas, une aversion pour les politiques. Mais, et c’est justement la raison de mon intervention, leur mouvement arrive à un moment où ils vont devoir se résoudre à faire de LA politique, sauf à ce que leur soulèvement se termine en eau de boudin comme les printemps arabes de 2015.

Le mouvement des Gilets jaunes est en passe de réussir ce que les « vieux » comme moi ont raté : virer une 5e République corrompue, tombée aux mains d’une mafia de financiers et de privilégiés imbuvables. Mais la nature a horreur du vide et il va bien falloir le combler.

Une tâche immense à accomplir : bâtir une 6e République

Faire de la politique,  les amis, ce n’est pas forcément une honte. La politique, c’était autrefois l’organisation de la vie de la cité (polis, la cité en grec antique), aujourd’hui c’est l’organisation de la vie d’un pays. Votre tâche est immense (et politique) : fonder une 6e République, enfin plus juste, plus peinarde, véritablement populaire.

Dans de précédents billets, je me permettais trois suggestions :

  • élire les représentants régionaux des Gilets jaunes : non, Priscillia, les points de blocages dans les régions ne sont pas encore infiltrés par les requins de la politique et ceux qui les occupent sont aussi déterminés que toi à s’en prémunir ;
  • mettre en place une Assemblée constituante pour bâtir les fondations de cette 6e République ;
  • nommer un gouvernement provisoire, éventuellement, pour expédier les affaires courantes et parer aux tâches les plus urgentes, comme commencer à mettre en place par exemple les 42 points du programme des GJ récemment publié (je ne sais si vous en êtes personnellement à l’origine, mais il n’est pas mal du tout).

Pour cette œuvre immense, vous aurez besoin de faire appel à la compétence des gens. Vous avez raison, il vous faut impérativement vous garder des appareils politiques (les « partis »). Ceux-là s’intéressent au pouvoir, pas à la politique au sens noble du terme. Mais parmi les femmes et les hommes qui ont été amenés à faire de la politique, il en est aussi des compétents. Éric, tu as eu tort de ne pas répondre à l’invitation de François Ruffin pour une rencontre ; celui-là, c’est un bon, un « pur ».

Je suis vieux aujourd’hui (68 ans), je n’ai plus rien à perdre, ni à attendre pour moi-même, sinon espérer ardemment un monde meilleur pour mes enfants (qui ont votre âge) et mes petits-enfants (qui ont l’âge qu’auront bientôt les vôtres). Mais vous, vous avez tout à gagner… à condition de ne pas laisser les requins que vous fichez à la porte profiter d’un vide politique pour revenir par les fenêtres et torpiller votre ouvrage.

Salut à vous et bonne chance.

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.