Gilets jaunes : l’intéressante démarche politique de François Boulo

Avocat, rien ne prédisposait François Boulo à devenir une figure du mouvement des Gilets jaunes en leurs ronds-points. Devenu un de ses éminents et respectés porte-voix, François Boulo a compris que le mouvement des Gilets jaunes courait à l’impasse s’il ne trouvait pas rapidement sa traduction politique. Ce qu’il s’emploie aujourd’hui à construire dans une démarche qui ne manque ni d’originalité, ni d’intérêt.

Le point fort : le tryptique souveraineté + répartition des richesses + transition écologique

Le point fort de la démarche de François Boulo réside dans la clarté de ses objectifs énoncés en tryptique :

  • la souveraineté démocratique et monétaire de la France (donc hors UE) ;
  • la répartition équitable des richesses ;
  • la transition écologique.

Jusque là rien redire : ces trois objectifs tombent tellement sous le sens commun, répondent tellement au besoin impérieux d’un nombre grandissant de nos concitoyens, qu’on ne voit pas comment ils ne fédèreraient pas, sauf les esprits tordus ou malintentionnés.

Un point faible : l’appel à l’union des partis de gauche traditionnels

Justement, c’est là qu’est le point faible de la démarche de François Boulo. En appeler comme il le fait à l’union des partis de gauche existants est un non sens. Autant les partis de gauche existants étaient fort intéressés à récupérer le mouvement des Gilets jaunes, autant ils n’ont nulle intention de se laisser récupérer par lui. Car le but des ces organisations vieillottes du monde d’avant n’est pas de prendre le pouvoir, il est juste d’assurer un petit avenir professionnel (dans la politique) à leurs petits quarterons de cadres.

D’ailleurs, comme il le reconnaît lui-même dans une très intéressante interview au groupe Facebook La France en colère, carte des rassemblements, François Boulo ne croit pas un instant à cette éventualité d’un rassemblement des vieux partis de gauche. Son intention, explique-t-il, est juste de mettre ces partis face à leur responsabilité. Mais est-ce encore nécessaire ? Pourquoi une telle perte de temps quand tout apparaît si pressé ? La tentative a tout pour s’avérer contreproductive : en désorientant les Gilets jaunes historiques qui ne veulent plus – on les comprend ! – entendre parler des partis politiques traditionnels, elle offre à ces derniers un boulevard pour mieux torpiller l’expérience.

Une perspective jouable : regrouper les véritables forces vives du pays

Dès lors qu’on tient à distance les parasites du monde d’avant, regrouper les forces vives du pays paraît tout à fait jouable. La montée des exaspérations ouvrent une série de pistes très variées à François Boulo :

  • les Gilets jaunes historiques, ces éternels précarisés ;
  • les classes moyennes fragilisées : soignants, avocats, enseignants…
  • les gens des quartiers sensibles dont certains apparaissent comme de plus en plus politisés et actifs (comité Adama, par exemple) ;
  • les divers groupes de réflexion intellectuels ou citoyens qui naissent de ci de là en marge du système des partis (quand ils ne sont pas phagocytés par des vieilles lunes : Chevènement et de Villiers au “Front populaire” d’Onfray, bon…).

Éveiller les consciences, politiser les gens, dit François Boulo. Le désespoir et la colère aident à cet éveil et à cet engagement. Y avait-t-il autre chose qui prédestinait l’avocat Boulo à s’engager en politique par delà les partis ? Gageons que les traversées de crises successives, la désintégration de la société française par une bande de voyous et la prochaine dépression économique qui commence tout juste pourraient sacrément aider François Boulo dans sa quête politique.

=> La page Facebook de François Boulo

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