Gilets jaunes, écologistes : radicalisation de la lutte

Éric Drouet avait signifié sa décision de ne plus participer aux actes hebdomadaires des Gilets jaunes. Manque de pot pour les médias mainstream qui avaient bien sûr, une fois n’est pas coutume, abondamment relayé la nouvelle, la figure emblématique des GJ était bien présente lors de l’acte 65, place Royale à Paris. Il s’en explique :

« Pour moi, Paris n’avait plus rien de Gilets jaunes dans les actions que [le mouvement] proposait. Depuis quelques temps, on a un groupe de personnes qui propose quelque chose de différent, quelque chose qui colle plus à l’image des Gilets jaunes du début : ne pas se laisser dicter ce qu’on a le droit de faire et aller même là où on ne veut pas qu’on soit. »

Et de fait, c’est sans la moindre autorisation officielle que les Gilets jaunes occupèrent et bloquèrent une place stratégique parisienne trois heures durant. Ce n’est pas la première fois que des faits de désobéissance civile émaillent les actes des Gilets jaunes, mais c’est la première fois, en tout cas depuis longtemps, que la désobéissance civile préside totalement à l’ensemble d’un acte.

Une rupture radicale dans la nature de la contestation

La symbolique a son importance. Elle consacre une rupture radicale dans la nature de la contestation : on ne discute plus, on ne demande surtout plus la permission, on agit.

Cette radicalisation de la lutte n’est pas le fait que des seuls Gilets jaunes : les militants écologistes qui, ce lundi 10 février à Paris, ont occupé et proprement dévasté les locaux de la société BlackRock (NB : fond de pension américain à la manœuvre pour la privatisation du système français des retraites), suivent la même rugueuse stratégie [photo d’en-tête et tweet ci-dessous].

« Emmanuel Macron, on vient t’attraper chez toi ! »

Même vigueur pour les interventions musclées contre les permanences ou les réunions publiques d’élus LREM. Soudain, ce n’est plus la masse de manifestants revendicatifs défilant sagement en débitant ses slogans le long des parcours bordés par les forces de l’ordre qui importe, mais la détermination d’activistes, certes beaucoup moins nombreux… mais beaucoup plus subversifs !

Les vertueux qui poussent les hauts cris devant ces actes d’insubordination plutôt abrupts devraient cependant se réjouir tant qu’il est encore temps : les cibles des mutins sont encore symboliques ou ne concernent que des biens matériels, pas encore des personnes. Mais au train où va le soulèvement, les émeutiers ne chercheront plus seulement le président Macron chez lui. Ils l’attraperont.

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.