Gilets jaunes acte V : le reportage modèle de Russia Today

Et dire qu’il faut aller sur un site russe, Russia Today, pour lire un reportage équilibré sur l’acte V des Gilets jaunes le 16 décembre !

Les reportages et les éditoriaux de nos « grands » médias français se sont distingués, eux, par leur indigence, et même pire par leur obscénité, tant la propagande prenait grossièrement le pas sur le souci d’informer, avec un seul élément de langage répété jusqu’à l’overdose et sans discernement : « essoufflement ». Quasiment pas une seule mention, ni à l’AFP, ni sur BFM, LCI, France télévisions ou autres France inter, des moult barrières mises en place par les forces de police pour empêcher les manifestants de parvenir au cœur de Paris ; des reportages, comme cet article de l’AFP, insistant unilatéralement sur tout ce que les Gilets jaunes avaient raté, parlant par exemple de baisse de participation à Rennes, Caen ou Strasbourg, mais oubliant de mentionner les participations records de Bordeaux, Toulouse ou Lille. La honte totale.

Allez, place au vrai journalisme :


Gilets jaunes : malgré un acte 5 difficile, un mouvement citoyen qui prend forme ?

Malgré l’accumulation d’éléments dissuasifs, l’acte 5 des Gilets jaunes a bel et bien eu lieu ce 15 décembre. Si la baisse de la mobilisation est grandement évoquée, le mouvement a toutefois porté ses premiers fruits. Le début d’une nouvelle phase ?

Après l’annonce par le gouvernement d’une nette baisse du nombre de participants à l’acte 5 de la mobilisation des Gilets jaunes (66 000 dans toute la France, selon l’exécutif), certains commentateurs assurent aujourd’hui que le mouvement citoyen est sur le point de s’essouffler. Qu’en est-il ?

L’acte 5 et les obstacles d’une mobilisation

Si la participation à ce nouveau rassemblement des Gilets jaunes était indéniablement en baisse par rapport aux actes précédents, force est de constater que les éléments de dissuasion se sont multipliés ces dernières semaines.

Ainsi, les épisodes de violences en marge des précédentes mobilisations, qui ont pu décourager certains citoyens souhaitant manifester pacifiquement, ont également suscité la multiplication de mesures dites préventives, mises en place par la police.

De fait, le 8 décembre, lors de l’acte 4 des Gilets jaunes, 1 723 individus avaient été mis en garde à vue à travers la France. Ces interpellations avaient été accompagnées d’opérations de filtrage sur plusieurs axes routiers en direction de la capitale. A l’échelle nationale, certains coups de filets ont même été jugés excessifs, comme l’expliquait le 9 décembre Le Parisien, citant les propos de l’avocat Sahand Saber : « Les policiers ont […] interpellé des profils qui ne correspondent en rien à celui des casseurs. Et cela […] donne encore plus le sentiment [aux Gilets jaunes] qu’on veut les faire taire », estimait l’homme de loi alors qu’il commentait le déroulement de l’acte 4.

À Paris, des mesures strictes de restriction des transports en commun ont en outre été décidées. En vue de l’acte 5, la RATP avait annoncé la fermeture de 45 stations de métro et de RER. Quant aux stations ouvertes, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner s’est félicité de la mise en place de « contrôles préventifs menés toute la journée dans les gares parisiennes ».

Autre élément non négligeable survenu avant l’acte 5 : le très médiatisé appel à cesser le mouvement après l’attaque de Strasbourg du 11 décembre. En effet, au-delà du camp Macron, des personnalités politiques qui avaient jusqu’alors soutenu les Gilets jaunes, tout comme certains éditorialistes, ont évoqué la menace terroriste pour appeler à une interruption du mouvement citoyen.

Toulouse, Lille, Bordeaux… Des vagues jaunes bien présentes

Ces éléments n’ont néanmoins pas empêché plusieurs rassemblements en province de rencontrer un franc succès, malgré le froid hivernal, à l’image des Gilets jaunes mobilisés dans le centre-ville de Toulouse.

Des milliers de #GiletsJaunes défilent dans les rues de Toulouse. pic.twitter.com/czVwCjDi1J

— France Bleu Occitanie (@BleuOccitanie) 15 décembre 2018

De nombreux Girondins ont par ailleurs investi les rues de Bordeaux.

À #Bordeaux, l’immense cortège des #GiletsJaunes arrive devant l’Hotel de Ville.

C’est familial, bon enfant. On chante beaucoup.#Acte5#ActeVpic.twitter.com/VyRntJSkEL

— Clément Agostini (@ClementAgostini) 15 décembre 2018

Une marée jaune a aussi progressé dans les rues de Lille.

À Lille, les #GiletsJaunes restent mobilisés et ne plient pas le genou.#Macron n’a rien cédé.
Pire, lundi #Macron s’est moqué d’un peuple en détresse.

Mais le peuple résistera jusqu’à ce que tombe la couronne du Roi.#ActeV#Lille#Yellowvestspic.twitter.com/sQtphLpaNA

— La République En Panne (@LaRepEnPanne) 15 décembre 2018

Des Bretons ont bravé la pluie à Brest.

#Brest a encore mouillée le #GiletsJaunes aujourd’hui, nous étions au moins 35 d’après #BFMTV#ActeVpic.twitter.com/4U60m8Hn8B

— Erwan Seys (@SeysErwan) 15 décembre 2018

Une forte mobilisation a également été constatée à Avignon.

1/3 Très forte mobilisation des #GiletsJaunes ce #15Décembre à #Avignon. pic.twitter.com/SgDj8u0wBj

— Hervé de Lépinau ن (@HdeLepinau) 15 décembre 2018

Une fraternité qui se développe

Au-delà de l’évolution de la participation aux points officiels de ralliement desdits actes de la mobilisation des Gilets jaunes, l’action n’a cessé de se poursuivre localement, partout en France. Ainsi, se maintiennent depuis près d’un mois les fameux points de filtrage aux abords de nombreux ronds-points, péages ou encore centres commerciaux.

Sur le péage #PontDeLetoile rien n’empêche les #GiletsJaunes d’être en place, pas même la pluie nous avons eu la visite de M6 pic.twitter.com/1P6NioC44R

— MurielDIRUOCCO #Matricule2096 #GauloiseRefractaire (@MurielDIRUOCCO) 16 décembre 2018

Et, contrairement à l’idée reçue selon laquelle le mouvement citoyen serait sur le point de s’essouffler, les exemples d’un soutien local de la population ne manquent pas.

En témoigne par exemple, comme le rapporte Le Parisien ce 15 décembre, la générosité d’automobilistes qui prennent le temps de s’arrêter sur une opération « circulation sur une voie », mise en place aux abords de Melun (Seine-et-Marne) par une trentaine de Gilets jaunes. « De la brioche, des tickets restaurant et même des pizzas » énumère le quotidien de la capitale qui explique comment les automobilistes offrent aux Gilets jaunes « de quoi affronter le froid dans de meilleures conditions ».

Le mouvement a également fait naître une solidarité entre citoyens qui ne se seraient peut-être pas côtoyés naturellement dans un autre contexte. Comme l’explique par exemple la journaliste Florence Aubenas, dans son reportage Gilets jaunes : la révolte des ronds-points, réalisé après avoir été à la rencontre de nombreux Gilets jaunes sur les routes de France. À Marmande, dans le Lot-et-Garonne, le mouvement a par exemple permis à Adelie, 28 ans, de « parler à des gens auxquels elle n’aurait jamais osé adresser la parole ».

« On a retrouvé la fraternité sur les rond-points », s’est félicité Martin, agriculteur de l’Indre, ce 15 décembre alors qu’il expliquait son implication en tant que Gilet jaune, au micro de RT France.

« Crise de civilisation » ou encore « problème de représentativité »

Martin, agriculteur du 36, explique sa présence à l’#Acte5 des #GiletsJaunes

« Autour des ronds-points, on a retrouvé la fraternité »#Paris#15Decembre2018#ArcDeTriomphepic.twitter.com/NuLq3pPldQ

— Fabien Rives – #RTFrance (@FabienRivesRTFr) 15 décembre 2018

Par ailleurs, au-delà de cette fraternité entre citoyens, des esquisses de solidarité interprofessionnelle ont pu être constatées la semaine précédant l’acte 5 du mouvement citoyen. À l’image du blocage du dépôt pétrolier de Fos-sur-mer organisé par les dockers des Bouches-du-Rhône.

🇫🇷📹 #France: Le dépôt pétrolier de #FosSurMer est bloqué, aucun camion ne rentre ni ne sort.
Les dockers ont rejoint le mouvement #GiletsJaunes .

Pour info, la zone de fret de Marignane est bloquée, aucun véhicule FedEx, Chronopost ne rentre/sort pic.twitter.com/VqdhJYAiPF

— -₽ – 🅣 – 🅐 – (@PorteTonAme) 13 décembre 2018

C’est d’ailleurs ces actions ciblées que le gouvernement semble désormais vouloir stopper. À l’issue de la manifestation du 15 décembre, Christophe Castaner a ainsi affirmé : « Les ronds-points doivent être libérés et la sécurité de tous redevenir la règle. »

=> Lire la suite de l’article sur Russia Today

A propos de Pierrick Tillet 3377 Articles
Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.