Gilets jaunes acte 44 : la grande peur (justifiée) des autorités

La « peur » évoquée par Ouest-France à quelques heures de l’acte 44 des Gilets jaunes à Nantes [photo ci-dessus] était surtout celle des autorités et des médias. La suite leur prouva qu’ils ont toutes les raisons d’avoir peur. Mais pas pour les raisons invoquées par la préfecture :

« Des appels violents d’envergure nationale circulent, avec la participation d’individus extrêmement radicaux de type blacks blocs. La menace est importante »

Périmètre d’interdiction de manifestation vu par les Gilets jaunes.

Comme tous les samedis depuis 44 semaines – 10 mois ! – les provocations (sous forme d’arrestations préventives, de saisie d’un gigantesque homard rouge juché sur un camion) et les premières violences sont venues des rangs policiers. Tirs nourris de gaz lacrymogène, utilisation de LBD40, intervention de canon à eau (sans souci des restrictions d’eau imposées actuellement dans le département 44), et même appui de blindés en « formation bataille » comme on l’entend dans la vidéo ci-dessous.

Après 44 actes sans résultats, il est logique que les répliques des Gilets jaunes face à la répression policière et judiciaire montent en intensité

Face à cet intense déploiement répressif, les Gilets jaunes, protégés uniquement par des masques, des capuches et des parapluies à la hongkongaise, répliquèrent par quelques lancers de cocktails Molotov et les traditionnels jets de projectiles divers. Quelques bris de vitrines, d’abribus, quelques poubelles incendiées en dommages collatéraux, bref, pas quoi fouetter le chat d’un État véritablement fort.

Les parapluies de Nantes.

Mais alors, qu’est-ce qui fait peur aux autorités ? Eh bien, déjà le fait que malgré une répression féroce contre les protestataires en Gilets jaunes depuis 44 semaines, malgré les rodomontades du pouvoir, malgré les campagnes de peur multipliées par les médias pour faire basculer l’opinion – où sont les Foulards rouges ? – malgré les sondages bidons d’instituts aux ordres, les Gilets jaunes sont toujours là et bien là, que Macron le veuille ou non, 44 semaines après le début de leur soulèvement, forcément moins nombreux qu’en novembre 2018, mais bien plus décidés, obstinés, et surtout bien plus nombreux que ne le prétendent les autorités via leurs feuilles choux (regardez dans le document ci-dessous s’ils ne sont que « 400 » et même seulement « environ 1800 » comme corrigé ensuite).

Maintenant, que s’envenime l’exaspération des protestataires après 10 mois de manifestations sans résultats autres que d’avoir ridiculisé le régime macronien, que leurs répliques à la répression policière et judiciaire gagnent en intensité dramatique, ne doivent pas non plus surprendre. En l’état de nos informations, on restera circonspect sur la “découverte” bien opportune de 22 cocktails Molotov (des bouteilles vides avec juste du papier toilette dedans !) et de 10 mortiers à proximité du point de rassemblement nantais. Mais il est sûr que les actes hebdomadaires des Gilets jaunes ne vont pas se dérouler éternellement sur un rythme planplan. Alors oui, les autorités et leurs médias peuvent commencer à avoir peur.

Un cocktail Molotov explose face à un gendarme samedi à Nantes.
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