Fake news : deux articles contradictoires du Parisien

Dans la série de la chasse aux fake news, voici les interrogations d’une certaine Widad Ketfi publiées sur Facebook à propos de deux articles parus dans Le Parisien.

On laissera bien sûr à Widad Ketfi la responsabilité de ses conclusions, mais avouez que ses questions méritent d’être posées.


Le Parisien qui a été hier l’un des premiers médias « classiques » à reprendre la vidéo d’un ado de 14 ans qui se fait tabasser par un policier à Aulnay [article du 3 janvier 2018 intitulé « La vidéo qui sème le trouble », ndlr] décrit aujourd’hui la scène de façon bien différente [article du 4 janvier intitulé « Ce qui s’est passé avant la vidéo] :

« Le mineur de 14 ans arraisonné avec un scooter volé apparaît sur une vidéo en train de se débattre avec un policier. »


La vidéo publiée par Le Parisien le 3 janvier

L'article 2 du Parisien
L’article du Parisien publié le 4 janvier

Non, cher journal Le Parisien, les mots sont importants et tu le sais très bien d’ailleurs c’est pour ça que tu les utilises.

1/ Ce jeune n’apparaît pas en train de se débattre, il apparaît en train de se faire brutaliser par un policier de la BAC assis sur son dos.

2/ « Arraisonné avec un scooter » selon la police. Selon les témoins que tu as toi-même cité dans ton article d’hier, ce jeune homme serait tombé du scooter après que la voiture de police lui a foncé dessus. Bizarre, tu ne le précises plus.

3/ « Un scooter volé » selon qui ? Était-il en train de le voler au moment de l’arrestation ? Si oui, comment se fait-il que ce jeune comparaisse pour violence et rébellion et pas pour vol ? S’agit-il d’un scooter volé antérieurement ? Si oui, comment les policiers étaient-ils déjà au courant au moment de la course poursuite ? Tout cela tu ne le dis pas, tu balances juste des affirmations comme ça, à des milliers de lecteurs.

Tu balances des infos avec une terminologie bien précise, un langage qui va reprendre la version policière sans nuance, sans perspective et la transformer tout simplement en vérité.

Ce n’est pas nouveau, mais ce qui est intéressant dans ta démarche, c’est que tu es victime de tes propres contorsions déontologiques. Tu sais qu’en tant que journal tu te dois de traiter les affaires de violences policières, mais tu sais aussi qu’en tant que journal qui traite en majorité des faits divers, tes publications et tes informations sont majoritairement basées sur des sources policières. Et c’est là que le bât blesse. Si tu te fâches avec tes sources, plus d’infos « croustillantes » et donc plus d’articles.

Après avoir diffusé la vidéo de brutalité policière où tu décris très distinctement la scène, tu nous as donc offert cet article intitulé « ce qui s’est passé avant la vidéo ». Tu aurais au moins pu ajouter comme sous titre « on n’a pas les images, donc c’est uniquement basé sur la version policière, mais bon on vous en parle quand même parce que sinon la police ne nous donnera plus d’info ».

Et d’ailleurs cher journal, tu aurais également pu aiguiller ton lecteur et ajouter comme légende : « Cet article est écrit par Jean-Michel Decugis, un journaliste très proche du syndicat de police Alliance, qui n’a pas pour habitude de vérifier ses sources surtout quand il travaillait au Point et qu’il écrivait sur des fausses épouses de polygames. »

Merci encore et bravo pour ton éthique journalistique, Le Parisien.

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