Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon doivent se ressaisir… et s’unir !

Eva Joly/JL MélenchonCe qu’il y a de rageant dans cette pré-campagne pour la présidentielle 2012, ce n’est pas l’attendu spectacle donné par les prétendants officiellement cooptés par le microcosme et les instituts de sondages. Mais la pâle prestation des outsiders qui pourraient contester leur hégémonie.

Eva Joly inaudible

Mme Eva Joly, allez-vous encore longtemps vous dissoudre ainsi dans l’inaudible ? Votre absence sur les ondes ou dans la presse est aussi assourdissante que le tohu-bohu médiatique de M. Mélenchon.

Le combat (électoral) n’est pas commencé que vous avez déjà promis allégeance à Dominique Strauss-Kahn. « Il faut faire la distinction entre le FMI et son directeur. » C’est tout ce que vous avez trouvé comme pauvre prétexte ?

Les quelques bribes connues de votre projet sont d’un timoré désolant. « Nous taxerons à 70% les revenus supérieurs à 500 000 euros. » Mme la juge, croyez-vous vraiment que la lutte contre les inégalités va se résoudre par ce genre de menaces répressives (ces taxes si facilement contournables) ? Quid de votre politique préventive (l’encadrement de l’échelle des revenus, par exemple) ?

Jean-Luc Mélenchon assourdissant

M. Mélenchon, votre posture de chevalier blanc tonitruant finit par lasser à force de répétition. Au final, votre spectacle ne semble plus intéresser que ces journalistes contre lesquels vous vitupérez (le « spectacle » est leur raison d’être).

Votre programme se niche, dit-on, dans des dizaines de fiches. La belle affaire si celles-ci ne sont déchiffrables que par une poignée de militants aiguisés ! (Non, ne nous dites pas qu’avec votre expérience et celle de vos amis, vous n’en êtes encore qu’au stade des réflexions !)

L’annonce inutilement provocante de certaines de vos mesures ressemble plus à des expéditions punitives qu’à des dispositions constructives dans un ensemble cohérent : « Au delà de vingt fois le revenu moyen, je prends tout ! » Pff..

Tenir un discours de rupture cohérent et résolu

Moyennant quoi, Mme Joly, M. Mélenchon, vos mayonnaises respectives ne prennent pas dans l’opinion. Vos propos sonnent dans le vide. Supposez au contraire qu’à chacune de vos interventions, vous teniez de concert le discours suivant :

Françaises, Français, notre pays s’enfonce dans une crise d’une extrême gravité, aux conséquences sociales encore incalculables, nécessitant des mesures de rupture déterminées pour enrayer ce déclin. C’est pourquoi, nous prenons solennellement les cinq engagements suivants :

  1. un revenu vital décent garanti à chaque citoyen adulte pour se nourrir et se loger (article 25 des droits de l’homme et du citoyen) ;
  2. une échelle des revenus strictement encadrée pour rétablir un minimum de décence dans la répartition des richesses ;
  3. gel de la dette publique tant que notre priorité absolue, la remise en état de notre pays, n’est pas établie ;
  4. interdiction des spéculations sur les variations de prix (celle des matières premières, par exemple) qui sont cause de la plupart de nos maux ;
  5. rétablissement d’un protectionnisme social pour garantir notre exception historique en la matière et lutter contre les méfaits des délocalisations.

Combien pariez-vous qu’un tel discours de rupture résolu, répété à l’envi sur tous les plateaux télé, dans toutes vos interviews, aurait un tout autre retentissement que vos éparpillements médiatiques ?

La priorité : sauver le pays d’un effondrement systémique

La vraie priorité aujourd’hui, ne vous en déplaise, n’est pas de faire barrage au sarkozisme. La vraie priorité est de sauver notre pays d’un effondrement systémique inéluctable : État au bord du défaut de paiement pour cause d’endettement endémique, banques empoisonnées par leurs actifs toxiques (les dettes que les États peinent à rembourser).

La principale priorité de M. Strauss-Kahn et de ses amis « socialistes », vous ne pouvez l’ignorer, n’est et ne sera jamais de sauver le pays, mais de voler D’ABORD, avant toutes autres préoccupations sociales, au secours d’un système financier international pourtant condamné.

Vous ne me croyez pas ? Regardez, quand ils sont devant le fait accompli, l’attitude servile des « socialistes » grecs, portugais, espagnols. Devant les diktats du FMI d’un certain Strauss-Kahn.

Pour un front populaire de salut public

Autre chose : l’extrême gravité de la situation actuelle ne permet plus les joutes superficielles des idées, les démarches trop persos et les chamailleries de clans.

Elle exige une union sacrée de personnalités ayant réellement pris conscience de la catastrophe en cours. Elle réclame une mise en commun des volontés par delà leurs différences. Autour d’une même et incontournable priorité : le sauvetage de notre pays AVANT celui de la finance dépravée.

Mme Joly, M. Mélenchon, seuls vous ne pesez rien. Ensemble, enclencher une dynamique serait encore jouable. Vous avez un an pour devenir les fédérateurs d’un tel front populaire de salut public. À l’heure qu’il est, vous êtes encore loin, bien trop loin du compte, hélas !

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