Européennes : la FI implosera-t-elle pour une élection dénuée de sens ?

Du rififi à la FI. L’officialisation de la liste France insoumise pour les prochaines européennes a déclenché une véritable tempête parmi les Insoumis.

Cette agitation interne est d’autant plus désolante qu’elle s’inscrit dans le cadre d’une élection dénuée de toute signification politique (et pour laquelle je m’abstiendrai une fois de plus) :

  • les députés européens élus n’ont strictement aucun pouvoir sur le fonctionnement technocratique de l’Union européenne ;
  • les Européennes s’inscrivent dans le cadre d’institutions régies par une Constitution (le traité de Lisbonne) refusée par les citoyens français lors du référendum du 29 mai 2005.

Risquer l’implosion d’un mouvement politique aussi essentiel que la France insoumise pour participer à une parodie de spectacle démocratique, laissant d’ailleurs indifférent une grande majorité d’électeurs français, apparaît donc comme tristement dérisoire.

La question du programme

La seule raison d’être de la France insoumise – et c’est la raison pour laquelle je m’inscris personnellement dans ce mouvement –, c’est son programme, L’Avenir en commun (LAEC). Je m’y engage d’autant plus résolument que LAEC, malgré deux divergences importantes évoquées ici (dont l’une porte sur la question européenne) reprend en les développant tous les points du programme que j’avais élaboré et publié moi-même sur Rue89 dès mars 2009, réactualisé en septembre 2016.

Mais le programme n’est rien s’il n’a pas une équipe d’élus en mesure de le mettre en place. Le principale reproche émis dans les rangs contestataires à la liste FI pour les européennes est d’être une décision unilatérale venue d’en haut (le comité électoral) et de présenter un côté trop ostensiblement « chasse aux places ». Bref, comme dans tout vulgaire parti politique traditionnel ancré dans le fonctionnement de la 5e République, et non dans l’esprit d’un véritable mouvement politique en quête d’une 6e République.

La question du modèle

Ayant décidé de rester en marge du scrutin européen pour les deux raisons évoquées ci-dessus, je n’entrerai pas dans la polémique en cours. Mais la question du modèle présenté par la France insoumise est déterminante. Et c’est à sa direction, à ses élus actuels ou futurs élus tant nationaux qu’européens d’être des modèles de la République nouvelle qu’ils prétendent promouvoir.

À ce sujet, il serait intéressant de savoir comment les élus actuels ou futurs de la FI utilisent (ou utiliseront) les salaires et avantages relatifs à leur fonction.

Il est clair que les salaires et avantages actuels des députés français ou européens peuvent avoir, par leur importance excessive, un effet corrupteur sur ceux qui en bénéficient. Si la France insoumise veut avoir une influence exemplaire sur les électeurs, il faut que les appointements de ses élus restent en rapport avec celui des citoyens de ce pays et que la FI démontre IMMÉDIATEMENT la volonté de se conformer à ce schéma.

Sans aller jusqu’à se contenter d’un SMIC comme le promettait François Ruffin (engagement tenu, me souffle-t-on), un salaire équivalent à deux fois le revenu médian des Français (soit 2 x 1797 = 3.594 euros net/mois) plus le remboursement des frais réels d’activité sur présentation de justificatifs, me paraîtrait tout à raisonnable. Où en est-on sur le sujet, Mmes/MM les députés FI du Palais Bourbon ou Mmes/MM les futurs députés Insoumis du Parlement européen ?

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