Européennes : la décomposition confirmée de la représentativité politique française à l’ancienne

Lors de la campagne des européennes, faute d’avoir des bilans à défendre ou des projets crédibles à présenter sur l’UE, la plupart des formations politiques du vieux monde en appelèrent en désespoir de cause au lancinant vote-barrage ou sanction contre leurs adversaires. L’échec de cette stratégie de l’inutile, usée à la corde, n’en apparaît que plus cinglant.

Deux listes s’étaient particulièrement distinguées en recourant à ce stratagème :

  • la République en Marche-Renaissance, dépourvue de tout bilan de politique intérieur favorable, se posait comme seul rempart contre l’éternel épouvantail Rassemblement national.
    => Résultat : malgré l’engagement forcené du président dans la campagne et la propagande rouleau-compresseur de la presse mainstream en faveur de la liste Loiseau, LAREM (22,41%) arrive derrière la formation de Marine Le Pen (23,31%).
  • la France insoumise, dépourvue de tout projet crédible sur l’UE, appelait par défaut à un vote-sanction contre le président Macron avec un slogan plus cucul-la-praline tu meurs (« dites Manon à Macron »).
    => Résultat : après une campagne véritablement désastreuse, la FI (6,31%) mord la poussière, talonnée, honte suprême, par le PS revival de Raphaël Glucksmann (6,19%). Exit pour longtemps l’ambition nationale de la FI.

Courage, amis Gilets jaunes et autres Français en colère ou désespérés, comme nous en avions hélas le pressentiment, nous ne pouvons plus compter que sur nous-mêmes !

Comme le démontre une participation en hausse par rapport aux précédentes éditions des européennes – mais l’abstention reste majoritaire à 50,09% ! – les électeurs français avaient pourtant soif d’expression. Mais faute de réponses crédibles à leurs attentes, ceux-ci se sont repliés en désespoir de cause sur les formations-défouloirs habituelles : le Rassemblement national (parti traditionnel des pas-contents dans les consultations électorales sans conséquence) et Europe écologie/les  Verts (sans doute juste parce qu’il y a le mot « écologie » écrit dedans).

Dans les précédentes éditions, le FN (24,86% en 2014) et EELV (15,83% en 2009) avaient aussi créé la sensation sans que cela ait la moindre suite favorable pour eux dans les différents scrutins nationaux. Le RN ex-FN reste marginal au niveau municipal, régional et législatif. EELV est aujourd’hui un parti complètement désossé qui ne sert plus que de tremplin assez minable à la carrière de ses éphémères dirigeants.

La principale leçon  de ces élections européennes est en fait d’avoir amèrement confirmé la décomposition de la représentativité politique française à l’ancienne. Si les formations politiques françaises comptaient sur les européennes pour reprendre le pas sur le soulèvement des Gilets jaunes, c’est raté ! Courage, amis Gilets jaunes et autres Français en colère ou désespérés. Comme nous en avions hélas le pressentiment, nous ne pouvons plus compter que sur nous-mêmes !

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