Européennes : vers un record tout à fait légitime d’abstention

Comment s’étonner que de nouveaux records d’abstention soient battus lors des prochaines élections européennes, vague sauterie à prétexte démocratique pour un Parlement sans aucun réel pouvoir, ne servant aux « grands partis » qu’à refourguer leurs recalés, et aux « petits » à espérer surfer sur un vote protestataire.

J’en connais qui (comme moi) se sont précipités fin 2013 à leur mairie pour s’inscrire à temps sur les listes électorales. Et pouvoir ainsi être comptabilisés parmi les abstentionnistes résolus lors des prochaines élections européennes de 2014.

L’Union des gredins

L’idée de l’Union européenne a fait long feu. Une mafia dont le moindre des membres relève aujourd’hui des tribunaux pour collusion avec les lobbies financiers et industriels. Aussi crédible pour la paix européenne que les armées de notre Tartarin de Tulle égarées au Mali ou en Centrafrique.

De leur côté, les gredins ont bien sûr senti le danger. Et font donner leurs ténors. Barroso, par exemple, qui vient d’alerter contre la menace des « extrémistes » et des « populistes ».

Un classique qui témoigne d’une perte accélérée d’imagination. Et qui oublie qu’au référendum sur le projet de Constitution européenne en 2005, la France, membre éminent de cette Union de malandrins, comptait déjà 54,68% de dangereux « extrémistes populistes ».

Leur démocratie, qu’une Viviane Reding, en bonne mère fouettarde, rêve rien moins que de remplacer par des États-Unis d’Europe sous influence ouvertement oligarchique, boit un bouillon de plus en plus conséquent au fil des scrutins. Avec des taux de participation de plus en plus en berne.

Participation élections européennes

Allez, à défaut de pouvoir trouver une liste acceptable représentant l’opinion d’une majorité de Français hostiles à l’UE, parions pour une abstention à au moins 65% en juin prochain.

L’abstention est un acte politique

Et réglons en passant le compte des objections bidon.

  • Non, ce n’est pas l’abstention qui favorise le mal FN, mais la nullité faux-culs des autres prétendants ; combien de temps va-t-on encore nous faire avaler qu’on doit lutter contre le mal en votant pour ceux qui en sont responsables ?
  • Les listes Front de gauche, surtout si y participe un PCF converti à l’idéologie dominante de la monnaie unique, ne tiendront pas la route faute de position claire sur l’UE.

Dans une démocratie qui n’est plus que l’ombre d’elle-même, ne demandant aux électeurs que d’approuver la ligne ou d’aller se faire voir (référendum de 2005), l’abstention devient un acte éminemment politique, et non la démonstration d’une indifférence.

Car à la différence des non-inscrits, les abstentionnistes comptabilisés ont pour la plupart fait un jour la démarche volontaire de s’inscrire sur une liste électorale. Mieux, en s’abstenant de voter pour la ligne, les abstentionnistes montrent aussi qu’ils ne cèdent pas aux sirènes protestataires régressives du FN.

Voilà pourquoi ils sont en désespoir de cause rejoints par un nombre grandissant de personnalités. Emmanuel Todd, lors de l’émission Mots croisés du 9 décembre 2013, face à un parterre déchaîné de « non-extrémistes » et de « non-populistes » :

<< On va avoir une façon unique de délégitimer le Parlement européen : ne pas aller voter. >>

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