Rentrée politique : la fusion bien entamée d’Europe Écologie

Après avoir traité dans un précédent volet des difficultés du Parti socialiste à prendre la mesure de la Grande Crise, continuons notre petit état des lieux de l’opposition politique à travers une de ses plus sérieuses composantes : Europe Écologie.

À l’inverse d’une UMP en pleine implosion, Europe Écologie a plutôt bien réussi ses journées d’été à Nantes.

  • En confirmant un ancrage résolument à gauche.
  • En s’épargnant ces querelles de chef qui ont tant déchiré les Verts dans un passé pas si lointain.

Un parti résolument ancré à gauche… par ses sympathisants

Un parti ou un rassemblement politique n’est pas simplement ce qu’en décident ses leaders. Il est aussi ce qu’en font celles et ceux qui le soutiennent. Europe Écologie n’échappe pas à cette règle. Or une grande enquête menée par l’agence Somme toute montre que les sympathisants d’Europe Écologie sont largement situés à gauche.

Les conclusions de cette étude sont corroborées par les diverses synthèses issues de la centaine d’ateliers-débats organisés à Nantes. Et transparaissent dans cette « ruche » où les militants de toutes régions peuvent apporter leurs contributions.

Lors des journées de Nantes, les quelques orientations à résonances libérales ont paru au moins aussi marginalisées que leur principal défenseur, Daniel Cohn-Bendit.

Une claire répartition des rôles entre Éva Joly et Cécile Duflot

L’autre fait marquant de ces journées nantaises aura été la rapidité avec laquelle les différentes composantes sont parvenues à une union. Mieux, la répartition des rôles s’y est faite avec une facilité déconcertante, assez inhabituelle dans la mouvance écologiste.

Cécile Duflot et Éva Joly ont évité le crêpage de chignons que certains redoutaient. Ou espéraient. La première actant avec une certaine élégance de sa jeunesse et de son insuffisante expérience pour céder la place de candidate aux prochaines présidentielles à la seconde.

Éva Joly peut se vanter d’un excellent démarrage dans les sondages d’opinion (entre 9 et 12% d’opinions favorables). Au point d’en hérisser déjà quelques cousins éléphants (n’est-ce pas Mme Aubry ? ).

L’image de probité que répand l’ex-juge répond manifestement à un fort besoin d’un public irrité par la multiplication des frasques à la Woerth dans la sphère politique. Le rôle d’un président de la République qui se respecte n’est-il après tout celui de premier juge de France, soucieux d’éthique et de morale ? (Vous blêmissez, M. Sarkozy ? )

Une « ruche » en ébullition qui manque encore un peu de liant

Hors éviter de retomber dans ses vieux démons de la division et des cheveux coupés en quatre, que manque-t-il encore à Europe Écologie pour que la sauce prenne pleinement auprès de l’opinion ?

On peut donner acte à ce rassemblement de sa relative jeunesse pour expliquer une ébullition encore un brin chaotique. Les idées jaillissent en geysers, souvent intéressantes et originales. Tant sur les retraites que sur l’échelle des revenus et la création d’un revenu minimum vital décent pour tous. Sur la nécessité d’une régulation financière internationale comme sur les problèmes d’environnement.

Mais il manque sans doute encore à cette ébullition d’idées un peu de ce liant qui en garantisse le sérieux et la maturité auprès du grand public. C’est là qu’une Cécile Duflot, un Yannick Jadot et autre José Bové ont toute leur utilité et doivent convaincre de leur esprit de synthèse et de leur complémentarité.

Europe Écologie a un peu moins de deux ans pour grandir.

[À suivre : l’activisme médiatique de Jean-Luc Mélenchon]

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