La dangereuse fuite en avant guerrière d’un empire blessé

Un vieil empire occidental blessé en toile de fond d’une tension guerrière qui n’en finit pas de grandir, tant au Moyen-Orient qu’en son propre sein.

Passons sur les prétextes évoqués pour justifier une intervention en Syrie : cette nouvelle prétendue attaque au gaz à Douma dans la Ghouta orientale. Remarquez qu’à chaque fois que les rebelles islamiques sont en perdition (l’armée syrienne a déjà reconquis plus des trois quarts de la Ghouta), survient une opportune attaque au gaz attribuée au « régime de Damas » et susceptibles de déclencher une toute aussi providentielle intervention de l’Occident.

Rien de plus dangereux et imprévisible qu’une bête blessée

Remarquez aussi qu’à chaque nouvelle attaque supposée, toute intervention sur place de l’OIAC (Organisation pour l’interdiction des armes chimiques), seul organisme pourtant à même, selon les traités internationaux, de mener l’enquête sur ce genre de faits est refusée par Washington et ses alliés européens ou israélien. Ce fut encore le cas hier au Conseil de sécurité de l’ONU.

Mais il n’y a pas que les islamistes de Daech ou d’al-Nosra à être en perdition sur le terrain du Moyen-Orient. En réalité depuis bientôt trois ans, date de l’intervention de la Russie à l’appel du gouvernement syrien, le camp occidental n’en finit pas de perdre ses positions et son influence sur cette partie du monde hautement stratégique. Le refrain est bien connu : rien de plus dangereux et imprévisible qu’une bête blessée.

Faut-il n’incriminer que les États-Unis et ses alliés dans la montée des périls ? Certes non, mais le fait est qu’aujourd’hui, ni la Russie, ni la Chine, ni l’Iran, ni la Syrie ne sont en position d’agresseurs. Aucun missile russe chinois ou iranien menaçant d’être envoyé, du moins dans l’immédiat, sur New-York, Londres, Berlin, Paris, Tel-Aviv, Beyrouth, Bagdad, ni même sur les positions militaires américaines encore installées, sans aucun mandat de l’ONU, en territoire syrien.

Une revanche minable

On remarquera que la fuite en avant de l’empire occidental ne touche pas que le seul terrain pétrolifère et gazier du Moyen-Orient. L’empire en perdition est touchée jusque dans ses fondations, en son sein-même, et réagit en retour avec la même agressivité. En 2017, les policiers robocopés des États-Unis ont tué 1193 citoyens américains.

En Israël, l’armée tire désormais à balles réelles sur des foules palestiniennes de Gaza n’ayant que leurs imprécations comme armes.

En France même, on voit aujourd’hui 2500 policiers sur-armés, épaulés par des blindés, prendre d’assaut un camp retranché de 250 paisibles écolos, dont le seul tort aura été de faire échec à un projet imbécile d’aéroport, au grand dépit des représentants du pouvoir, vexés comme des poux et tentant de prendre une revanche minable.

Dans l’histoire des grands conflits mondiaux, c’est la plupart du temps l’agresseur initial qui finit par perdre

Alors, mouvements de menton impuissants de la bête blessée ou réelle fuite en avant guerrière ? Dans ces moments d’exacerbation paroxystique, bien malin qui pourrait le prévoir tant la raison n’est plus maîtresse des décisions humaines. Et ce ne sont pas les dernières forfanteries irresponsables d’un président US hystérique, plus Folamour que jamais, qui risquent de rassurer :

« La Russie promet de descendre tout missile tiré sur la Syrie. Prépare-toi Russie, parce qu’ils vont venir, tout beaux, tout nouveaux et « intelligents »» (Donald Trump, tweet du 11 avril 2018).

Mais l’empire occidental ferait bien de se rappeler, si cela est encore dans la mesure des ses possibilités mentales, et avant d’appuyer sur le bouton envoyant ses missiles punitifs sur Damas, que lors des grands conflits mondiaux, c’est la plupart du temps l’agresseur initial qui finit par perdre (guerres napoléoniennes, 1ère et 2nde Guerres mondiales…). Et que jamais, jamais aucun empire boursouflé n’a survécu au vent de l’Histoire.

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