Échéances douloureuses pour les banques européennes

Depuis l’éclatement de la crise financière début 2008, ce sont des milliards que les banques centrales ont injectés dans les circuits financiers pour que ceux-ci ne sombrent pas. Problème : il fallait bien les rembourser un jour, tous ces sous. Or, la première échéance arrive ce 1er juillet 2010 pour les banques de la zone euro. Et celles-ci ont eu quelques suées.

Pensez, la première tranche de remboursement à la Banque centrale européenne (BCE) s’élève au total à 442 milliards d’euros. Une paille ! Mais toutes se voulaient rassurantes. Mais si, mais si, pas de problème pour payer. On allait peut-être être un peu serrés, être un peu juste en liquidités, mais euh… ben…

Nos débitrices tremblaient en fait tellement dans leurs pantalons que le mardi 29 juin, le CAC 40, à l’image des places boursières mondiales, dévissait méchamment de 4,01% et les organismes bancaires étaient en pleine dérive avec des chutes avoisinant les 7%.

Les perfusions miraculeuses de la fée BCE

Mercredi 30 juin, à la veille de l’échéance fatidique, la fée BCE était contrainte d’intervenir et décidait en catastrophe d’allouer un montant record de 131,9 milliards d’euros de liquidités pour donner un peu d’air à nos infortunées (sic). Rebond immédiat mais bien éphémère des places boursières qui n’en sont pas à une hystérie près.

Pourtant, ne nous avait-on pas dit que nos chères banques roulaient sur l’or ? Ne nous ont-elles pas inondées depuis des mois de leurs insolents et rutilants bulletins de santé ? Ne parlaient-elles pas de leurs crash tests « satisfaisants » (mais bien peu détaillés publiquement) ? La BCE n’avait-elle pas juré-craché en décembre 2009 qu’elle ne ferait plus d’opération de sauvetage de ce type ?

Le fait est que plus personne n’a le choix. Et le souci, c’est que cette nouvelle perfusion vitale de 131,9 milliards d’euros (sortis de quel miraculeux chapeau ?) n’est qu’une opération à trois mois.

Deux prochaines échéances impitoyables

Pire, deux autres échéances critiques d’un montant tout aussi ahurissant que celui de la première, tombent en septembre et en décembre. Les naïfs pourront toujours se demander d’où nos banques européennes puiseront de telles sommes, sachant qu’elles ne sont même pas fichues d’honorer toutes seules celle-ci sans se mettre dans le rouge.

Pas grave, partons à la pêche aux chapeaux magiques ! Oublions tout. Plus rien n’a d’importance, plus rien ne veut rien dire : la dette publique française qui vient de monter à 80,3% du PIB au premier trimestre 2010, ces politiques de rigueur à la pelle pour tenter d’enrayer son hémorragie, cette reprise promise mais dont plus aucun responsable n’ose vraiment parler, ce chômage qui repart vers des sommets…

Et maintenant, ces banques qu’on croyait si aise, pièces-maîtresses de leur organisation qui se remettent à tousser. Comme une odeur nauséabonde de décomposition qui empuantit l’atmosphère, vous ne trouvez pas ?

Mais à part ça, RAS, tout va bien…

A propos de Pierrick Tillet 3377 Articles
Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.