Le cinéaste Besson vient de pousser sa beuglante contre les partageux d’Internet au nom du droit à la propriété pour les auteurs d’oeuvres artistiques. La ministre Albanel réclame à cors et à cris la limitation des bornes publiques de wifi pour limiter le « piratage » sur le web. Voilà qui me donne l’occasion d’aborder un sujet qui me tient à coeur : une des plus grandes arnaques du système actuel tient à l’interprétation du droit de propriété accordé aux auteurs artistiques (ou à leurs ayants-droits) sur leurs propres oeuvres.
Résumons :%%% – __le droit d’auteur__ est le pourcentage touché par l’auteur sur les gains de celui qui diffuse commercialement son oeuvre (tout à fait d’accord) ;%%% – __le droit de propriété__ devrait être celui, pour l’auteur, de choisir son diffuseur commercial (toujours d’accord). Sauf que voilà, la notion de droit de propriété prétend aussi interdire à quiconque de partager, de prêter, et plus généralement de transmettre gratuitement l’oeuvre dudit auteur. Un peu comme si le chanteur achetait l’air (au sens de courant d’air) qui transporte les paroles de ses chansons jusqu’aux auditeurs. Un peu comme si l’acheteur du livre, du CD ou du DVD n’était finalement qu’un simple locataire du bien à usage exclusivement personnel. Le droit de propriété est une invention récente qui garantit des rentes de situation (surtout aux multinationales de tout poil), mais ne favorise en rien la création artistique ou la défense de l’auteur. Elle est une condamnation implicite de toutes nos bonnes vieilles bibliothèques municipales. Elle est une tentative d’accaparement par une minorité des nouvelles technologies de communication comme Internet. Un péage auto-proclamé sur les autoroutes du virtuel. Je prête mes livres, mes CD, mes DVD à qui je veux, quand je veux, comme je veux. Internet est un nouveau moyen de partage ? Alors je l’utilise. Et le père Besson, ou cette brochette de chanteurs ou de cinéastes qui hurlent à la spoliation (vous remarquerez que ceux-ci paient tous l’impôt sur les grosses fortunes, les autres vont sur MySpace) peuvent toujours beugler. Je ne gagne strictement RIEN sur mes « prêts » ; à la rigueur, je veux bien leur céder 10% de ces riens ! Les nouveaux moyens d’échanges modernes comme Internet permettent de s’affranchir de l’intermédiaire argent. Très bien. Qu’il faille reconsidérer les moyens d’échanges éconmiques à partir de ces nouveaux marchés du « gratuit ». Très bien. Qu’il faille trouver les moyens de permettre aux artistes de vivre leur vie d’artiste. Evidemment ! Mais dans un nouveau système, en tenant compte de toutes ces nouvelles technologies. En attendant, arrêtez SVP de nous les gonfler menus avec ces histoires d’ « illégalité » et de droits de propriété violés. A-t-on interdit le chemin de fer par qu’il nuisait aux compagnies de diligence ? A-t-on interdit les machines à compostage automatique parce qu’elles spoliaient les poinçonneurs des Lilas ou d’ailleurs de leur droit au travail ? Chers « artistes », je crains que la guerre que vous menez sur ce sujet soit déjà perdue.