
Jusqu’à présent, je pensais qu’il était difficile de pratiquer l’analyse politique tout en s’engageant, le second acte orientant forcément le premier.
Et voilà que la réalisation de mon analyse établie depuis des années – celle du naufrage de la civilisation dans laquelle je vivais – me conduit à me détacher de tout ce qui faisait ma vie d’avant.
Plus de repères, rien, le vide
Et voilà que je réalise que le choix du détachement est au moins aussi difficile et douloureux à vivre que celui de l’engagement.
Plus de repères, rien, le vide. Ou alors un attachement de secours à la réalité immédiate : une partie de pêche avec des potes, l’observation des oiseaux marins puisque c’est dans un univers marin que j’habite, la vie au rythme des marées et des caprices météorologiques de plus en plus imprévisibles, les marches solitaires sur les sentiers côtiers…
Les rapports, les discussions avec les autres deviennent de plus en plus restreints à la portion de plus en plus congrue des sujets d’entente. Ne plus parler des vaccins, de politique sanitaire, de médias corrompus, de démocratie bafouée, de vote utile scabreux, de coalitions politiques sans avenir, de lâcheté collective… Se contenter d’aborder ce qui nous rassemble, mais quoi ? Évoquer ce qui nous sépare ne peut conduire qu’au conflit, expliquait le Français Pierre Bourdieu face à un parterre d’étudiants japonais. Rechercher des terrains d’entente, mais lesquels ?
Soudain, la terreur lancinante
Alors bien sûr, le choix de la vie en reclus est chose parfaitement faisable. Une sorte de d’auto-confinement social individuel décidé en son âme et conscience. Au bout de deux ans, la vie confinée n’a plus de mystère pour nous, n’est-ce pas ?
Mais tout de même, tout n’est pas si simple. Aujourd’hui, c’était mercredi, jour de garde de mes petits-enfants. Quel avenir pour eux après ce chaos ? Vaccination obligatoire prochaine, avec accord de leurs parents – nos enfants ! – avec tous les risques (mortels) que cela comporte pour eux ?
Alors soudain, à la douleur, à l’inconfort, se greffe la terreur lancinante de ce qui pourrait advenir avec l’inconscience, la faiblesse des parents et grands-parents de nos petits-enfants.