Discours de l’état de l’Union : Trump en sa forteresse US assiégée

C’était un discours attendu : celui de l’état de l’Union, un rituel pour tout président de États-Unis, une première pour le dernier, Trump himself. État des lieues (et c’est pas triste).

Passons sur le panégyrique dressé sur l’état de l’économie américaine. Dans un pays frappé par une hausse exponentielle des inégalités et de la pauvreté, quelques jours à peine après un « shutdown », c’est-à-dire un arrêt momentané des activités gouvernementales pour cause de plafond budgétaire atteint et non renégocié, l’exercice frôlait le surréalisme incantatoire.

D’autant que le reste du discours, agressif en diable, tenait de la vieille citadelle assiégée, prompte à aboyer contre ses « assaillants », c’est-à-dire ceux « tels la Chine et la Russie qui défient nos intérêts, notre économie et nos valeurs » ; sans oublier les « régimes parias » du moment, l’Iran et la Corée du Nord ; ni « les dictatures communistes et socialistes de Cuba et du Venezuela ».

Autant de barbares que la nation bénie de Dieu – on ne coupa pas à l’inévitable « God bless America ! – allait contenir bien évidemment à coups de protections douanières, de nouvelles réglementations anti-immigrés, de mur frontalier (Mexique) et de prison Guantanamo continuant à tourner à plein régime.

Donald Trump, le Boris Eltsine des USA

Il va de soi qu’aucun des ennemis cités ne menacent réellement l’intégrité du territoire états-unien lui-même. Ce qui leur est par contre reproché (à juste titre), c’est de ne plus laisser le vieil empire décadent imposer ses volontés et sa monnaie dollar aux quatre coins de la planète. Cela s’est vérifié au Moyen-Orient où les USA se sont fait tailler des croupières par la Russie, l’Iran et la Chine, lors du conflit grotesque avec une Corée du Nord qui n’entendait pas s’en laisser compter, ou encore en Amérique latine où Washington échoue à se débarrasser de gouvernements contestant ses ambitions impérialistes.

Ce qu’il y avait de pathétique lors de ce discours sur l’état de l’Union prononcé par Donald Trump – le Boris Eltsine des USA, me souffle un lecteur – devant le Congrès américain, c’était la frénésie avec laquelle les participants, Trump compris, s’auto-applaudissaient à tout rompre presque sans discontinuer, plus pour conjurer un sort contraire que exprimer une confiance inébranlable en une puissance révolue. Réactions immédiates : railleries et quolibets se répandirent sur les réseaux sociaux. Quand un roi, que dis-je, un empereur fait rire, dîtes-vous bien qu’il est déjà défroqué.

Que l’on ne s’y trompe pas : pas question ici d’isoler Trump-le-dingue de son contexte américain. Trump EST le président élu de son pays. Il REPRÉSENTE l’ensemble de ses concitoyens, électeurs et opposants réunis, que ces derniers le reconnaissent ou non. La parole du président Trump ENGAGE les États-Unis en leur ensemble. Son ridicule rejaillit et retombe naturellement sur l’ensemble de sa population.

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