Deux cas de désertion par temps de guerre : Stalec et LFI

Les périodes de guerre sont propices aux désertions et trahisons spectaculaires de ceux que vous pensiez être vos amis. Deux cas exemplaires : Stalec [photo] et la France insoumise.

Le revirement brutal du twitteur Stalec

Stalec est ce twitteur (@Stalec_) qui pendant des mois monta un dossier à charge impressionnant contre la politique sanitaire désastreuse du gouvernement et qui, en deux jours – le 1er janvier 2021, il publiait encore un tweet favorable au Professeur Perronne –, vient de tout détruire sans aucun élément à décharge.

Regardez bien la vidéo qu’il s’est cru obligé de poster pour expliquer son soudain revirement, écoutez cette voix blanche, voyez ce regard qui chavire :

Cette France insoumise qui n’a plus d’insoumise que le nom

Il y a longtemps qu’on sentait du flottement dans ce mouvement France insoumise qui n’a duré que le temps d’un premier tour de présidentielle (2017) et qui n’a plus d’insoumis que le nom :

  • un “programme” château de sable totalement inapplicable faute de volonté d’indépendance monétaire vis-à-vis de la zone euro ;
  • une stratégie électorale d’alliances politiciennes désastreuse comme on le vit récemment avec le fiasco municipal à Marseille ;
  • une absence de toutes les luttes lancées par cette France populaire (les Gilets jaunes, par exemple) que LFI prétend représenter, cherche à récupérer, mais ne soutient jamais franchement.

Ne manquait plus que le refus de prise de position dans la crise sanitaire. C’est fait, qui ne dit mot, consent. Le prétexte souvent invoqué est que la situation est complexe, que seuls les médecins peuvent y donner réponse. Mais comme s’en indigne un des sympathisants échaudés de LFI sur Facebook, faut-il être « ingénieurs nucléaires, climatologues ou traders pour avoir une position politique sur l’énergie nucléaire, le réchauffement climatique ou la spéculation financière » ? Et faut-il un doctorat de médecine pour condamner une interdiction de prescription imposée aux médecins ?

Je sais que beaucoup de mes amis restent attachés à ce mouvement « faute de mieux ». Mais que les aléas du chaos politique se montrent favorables à la France insoumise en avril 2022 et vous pouvez être assurés que la désillusion sera aussi cruelle et rapide qu’elle le fût avec Syriza en Grèce en 2015.

Une guerre terrible pendant laquelle nous ne pourrons compter que sur nous-mêmes et sur les forces vives du pays

Pour évoquer la crise actuelle, il est fréquent de citer celle de 1929. C’est une erreur, celle-ci est bien pire. En 1929, il s’agissait d’une crise du capitalisme. Aujourd’hui, c’est à son effondrement et à sa mort que nous sommes confrontés. Un effondrement systémique est l’accumulation de plusieurs crises qui se rejoignent et se renforcent : après la crise économique, la crise financière, voilà les crises sanitaire, morale, intellectuelle et maintenant politique avec son vide sidéral de solutions alternatives. Mais reconstruit-on une maison pendant son incendie ?

Les trahisons et désertions de quelques-uns, fussent-ils de ceux que nous pensions proches, n’ont finalement que peu de conséquences et ne changent rien au sinistre qui ravage la maison. Il y a peu de chance que les partisans de Stalec suivent ce dernier dans sa chute. Les insoumis déçus se remettront de leur déception.

Il nous faut prendre notre mal en patience. Pendant cette guerre terrible, nous ne pourrons compter que sur nous-mêmes et sur les vraies forces vives de la nation : soignants, travailleurs de l’ombre, gens de peu qui tiennent le pays à bout de bras pendant la tempête comme on le constate depuis quelques mois. Les solutions apparaîtront sur les cendres de nos désillusions.

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