Dettes européennes : premiers pas vers une annulation

En juillet dernier, le monde de la finance privée s’est pris à frissonner d’effroi lorsque les autorités européennes reconnurent la nécessité d’une décote de 21% pour la dette grecque. Réunis ce week-end dans ce qu’ils appellent un dernier compte à rebours, les mêmes autorités viennent de porter cette décote à au moins 50%. En attendant mieux (enfin, pire pour certains !)

Une décote, qu’est-ce ? Ben justement, un sale coup pour les caisses, celles des banques qui, comme dit la plèbe, vont pouvoir s’asseoir sur leurs créances pourries.

La « décote », vous savez, c’est un de ces mots pudibonds avec lesquels on masque des réalités qui sont, elles, bien plus crues. En l’occurrence, cette « décote » de plus de la moitié de la dette grecque, c’est une autre façon de reconnaître que le pays est bien en défaut de pouvoir la payer et que les banques créancières vont essuyer des pertes équivalentes  !

La troïka (UE, FMI, BCE) qui, a défaut de scrupules à pressurer les foules contribuables, possède une solide calculette, vient d’évaluer à 110 milliards l’augmentation que les Européens et le FMI vont devoir supporter pour faire face à cette décote de malheur.

Pastille Valda contre angine carabinée

Quand on sait qu’aujourd’hui les mêmes ont un mal de chien à réunir 8 malheureux milliards pour boucler un plan d’aide datant de l’an dernier, on mesure l’étendue des dégâts passés. Mais aussi à venir.

Parce qu’évidemment, leurs huit malheureux milliards (même pas encore acquis), c’est comme soigner une angine carabinée avec une pastille Valda.

Allez, je ne vous assomme plus sous les chiffres — je sais que quand vous en voyez clignoter dans les billets, vous changez de trottoirs, bande de fainéants ! — mais sachez que si les autorités européennes implorent les banques d’accepter une « décote » aussi amère à digérer, c’est qu’elles ont tout bonnement commencé à entériner la nécessité d’une annulation de la dette du pays défaillant.

Tout comme elles vont inévitablement être amenées à le faire pour les autres États en souffrance : Espagne, Irlande, Italie, Portugal… Enfin quasiment tous !

Un divorce à l’amiable… contraint et forcé

Évidemment, la négociation bat, nous dit-on, son plein avec les banques pour arracher leur « accord » sur les phénoménales pertes (synonyme vulgaire de « décote ») qu’elles vont devoir essuyer.

Accord ou pas, l’affaire est pliée. Comme dans ces divorces « à l’amiable » où l’un des conjoints vient dire à l’autre qu’il se casse, mais que ce serait mieux si les deux s’entendaient sur la question.

Une des cinq conditions que je mettais pour aller voter à la présidentielle de 2012 était précisément le gel immédiat de la dette du pays. Non pas par simple fantaisie, mais parce qu’il est toujours préférable d’anticiper une catastrophe plutôt que de la voir vous tomber dessus contraints et forcés.

Sinon… eh bien, on en arrive tout droit à la situation calamiteuse où se trouve la population grecque. Ou dans le même état de ridicule contrit des prétendus dirigeants européens ce week-end.

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