Désastreux modèle allemand, désastre du modèle français

Merkel-Macron : l'union de la carpe et du lapin

Comparer le modèle allemand au modèle français est une hérésie. Vouloir les fondre en un modèle unique européen est un désastre. Démonstration…

Vous remarquerez que ceux qui en France vantent le modèle économique allemand sont généralement ceux qui tirent profit d’un tel modèle : les privilégiés (ou ceux qui pensent encore pouvoir le devenir), les plus aisés (ou ceux qui ont encore la chance de l’être un peu).

Au regard d’un Français averti, le modèle allemand est un incontestable succès économique… sur fond de désastre social ! Regardez bien le tableau ci-dessous. La première ligne de graphiques illustre la réussite économique du pays aujourd’hui maître de l’Union européenne. La seconde traduit son désastreux échec social… à nos yeux à nous, Français.

L'ère Angela Merkel

Mais comment, s’écrira le Français que vous êtes, comment donc les Allemands supportent-ils un si désastreux bilan ? Eh bien, c’est parce que l’Allemagne et les Allemands ne sont tout simplement ni la France, ni des Français.

En Allemagne, décrit Emmanuel Todd dans son étude des différents systèmes familiaux, la famille est historiquement de tradition autoritaire inégalitaire. L’autorité et l’inégalité y sont admise comment allant de soi. Il n’y a jamais eu aucune révolution sociale en Allemagne, à peine quelques tentatives vite avortées menées par quelques intellectuels isolés comme Rosa Luxemburg.

Contrairement à l’Allemagne, la France compte plusieurs révolutions sociales à son actif

Mais en France, la tradition historique est bien différente : de type libéral égalitaire. L’autorité et l’inégalité n’y sont à la rigueur supportées que par ceux qui en tirent profit (ou n’en pâtissent par trop directement).

Pourtant aujourd’hui, la France vit au sein d’une communauté économique européenne placée d’évidence sous l’autorité rigoriste du leader allemand, avec une monnaie profondément inégalitaire : l’euro. Non seulement la réussite économique y est absente, mais le désastre social s’y répand sur fond de rigueur budgétaire très germanique.

Les derniers chiffres de l’Insee sur la montée des inégalité et du taux de pauvreté sont des plus alarmants. Le taux de pauvreté s’établit à 14,2%, en constante progression depuis 2008, et bien au-delà du taux de chômage annoncé officiellement (9,5%), ce qui en dit long sur la précarisation du travail dans notre pays. Le revenu médian stagne, tandis les 10% des Français les plus riches « augmentent significativement » leurs conditions d’existence.

Enfin, ce qui faisait l’originalité (égalitaire) du modèle de protection sociale à la française est battu en brèche sur instructions de Bruxelles et de Francfort, servies avec un zèle empressé (les ordonnances) par les nouvelles autorités françaises.

La question qui désormais se pose est de savoir combien de temps, nous Français, accepterons de supporter ce désastre autoritaire et inégalitaire, « à l’allemande ». Contrairement à l’Allemagne, la France compte déjà plusieurs révolutions sociales réussies à son actif.

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