Des veaux aux orang-outans : alertez les bébés !

Nourrir les veaux au lait en poudre ou éliminer les orang-outans, la course à la rentabilité et aux profits chie en permanence son lot de saloperies.

Le monde marche sur la tête

Mon père a des vaches dont il vend le lait. Et des veaux qu’il nourrit avec des seaux de lait en poudre. Faire téter les veaux directement au pis des vaches ? Non mais pas fou ? Mais qu’est-ce que ce gamin n’irait pas inventer ? J’ai à peine dix ans quand je prends ma première grande leçon d’économie.

– Faire téter les veaux, c’est pas rentable ! Ça paie infiniment plus de vendre le lait des vaches d’un côté et d’acheter de l’autre le lait en poudre pour nourrir ces veaux dont la vente fait vivre la famille en ces temps où le prix du cochon est très bas.

– Mais papa ! Entre les vaches et les veaux, il y a des camions, une usine à lait, des camions encore pour revenir chez nous et partout des machines et des gens à payer et plein d’ustensiles à nettoyer. Alors que le pis de la vache serait à disposition du veau sans intermédiaire et sans travail…

Mon papa m’explique que le lait en poudre bénéficie de subventions – retiens bien ce mot – de subventions d’un montant si tellement délirant que le laitier en vit si grassement qu’il se bat avec les autres laitiers à grands coups de chèque aux paysans pour conserver la fourniture du précieux lait à subventions. Et qu’il vend en retour la poudre de lait à un prix si dérisoire que c’est tout juste si on ne lit pas « 100% de produit gratuit » sur les sacs.

Les cochons, ouais mon gars ! on met aussi du lait en poudre dans leur alimentation pour… en faire baisser le coût ! C’est toujours ça d’économisé en ces temps où le porc se vend à vil prix.

Je suis encore bien petit quand mon papa m’explique ainsi que le monde marche sur la tête.

Des bébés contre les orang-outans ?

Emmanuelle Wargon, toute nouvelle secrétaire d’État à l’écologie, est avant tout une lobbyiste de haut vol salariée par Danone. Elle affirme bien tranquillou que « l’huile de palme est le meilleur ingrédient pour les laits infantiles et donc on en a besoin et on est tout à fait capable d’expliquer pourquoi. »

Selon notre secrétaire d’État à l’écologie, le bébé provençal, picard ou bourguignon ne pourrait grandir sans la production d’un foutu palmier planté à l’autre bout de la planète.

Selon notre secrétaire d’État à l’écologie, le bébé canadien, russe ou africain ne pourrait grandir sans faire disparaître les orang-outans d’Asie. Sans le gros cul qui transbahute l’huile de palme vers le port. Sans le cargo qui trimbale le dealer de diabète de port à port. Sans le trente-huit tonnes qui livre le colon à cholestérol dans l’usine. Sans l’usine qui injecte la sainte huile dans la poudre. Mais surtout sans la plantureuse marge bénéficiaire de Danone sur toutes les opérations.

Y’a des gens qui parlent de « décroissance », de « simplicité volontaire » ou qui utilisent des gros mots compliqués qu’on ne comprend pas toujours très bien.

Pour allaiter les bébés je connais le truc simple utilisé par Partageuse, et avant elle par nos mères, et avant encore par nos grands-mères et nos aïeules depuis les temps les plus reculés. Un truc dont la nature a doté toutes les femmes comme tous les mammifères de sexe féminin. Le lait maternel gratuit.


Comme le Yetiblog est beaucoup lu, je reçois de temps en temps des messages annonçant la sortie d’un disque et demandant gentiment si je veux bien en faire la réclame. Le hasard me voit aujourd’hui recevoir un tel message tandis que je prends connaissance du CV de Mme la secrétaire d’État à l’écologie (rires sarcastiques) et que Gérard Delahaye m’informe de la parution du numéro 8 de son Salon des oubliées où il chante un allaitement maternel dans un bistrot. Et voilà comment je fais une infidélité à Gilles Vigneault à qui je consacre ce mois à l’occasion de ses 90 ans. Gérard Delahaye chante « Tati-Bowie ».

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Un citoyen ordinaire à la rencontre des personnes cabossées par la vie.