Conte de Noël : la « présidentielle » de Rachid l’instit

La période de Noël est propice au conte. En voici un, véridique en plus, raconté en quelques tweets par un dénommé Rachid l’instit.


Prenez place les ami.e.s, j’ai une petite anecdote de travail absolument pas fascinante à partager avec vous avec, en guise de chute, un enseignement sur notre société certainement tiré par les cheveux.

Hier, l’AVS [auxiliaire de vie scolaire, ndlr] d’un élève de 6ème rentre en classe en disant qu’elle a vu Édouard Philippe à la Fourragère. Les enfants lui demandent donc qui sont ces messieurs Édouard et Philippe.

Ni une ni deux, bouleversement des programmes : je projette la photo de notre Premier ministre et s’en suivent des blagues sur sa calvitie naissante ainsi qu’une discussion sur le fonctionnement de notre République.

Pour rendre l’explication plus ludique (et je le confesse, pour rigoler en voyant des amitiés de toujours se briser sous le poids de l’électoralisme), je décide d’organiser une élection présidentielle en 45 minutes au sein de la classe.

Sept élèves se présentent aux élections : deux filles et cinq garçons. Je vous présente, en vrac, quelques unes des mesures phares présentées durant les différentes campagnes :

Programmesélectoraux

Résultat : les deux seules filles qui se sont présentées sont passées toutes les deux au second tour et ont fait égalité. . Leurs propositions étaient sociales, contradictoires, drôles, attendrissantes, ultra-sécuritaires mais aussi tellement humaines.

Durant le débat de l’entre-deux tours, L. Delahousse (moi) leur a demandé ce qu’elles feraient pour les migrants sur notre territoire :

– BEN ON LEUR DONNE UNE MAISON !
– Et ceux qui ne sont pas encore chez nous mais qui fuient les bombes ?
– BEN ON LEUR DIT DE VENIR !

Ce « ben » veut tout dire : l’altruisme est chez elles une évidence, et je suis bête ne serait-ce que de poser la question.

Ma conclusion perso est que j’ai bien rigolé, surtout quand les filles ont fait pile ou face pour se départager et que les Charlènistes ont amorcé une Révolution que seule la sonnerie de la récrée à su contenir. Mais cette élection éprouvante m’a aussi fait réaliser des choses.

L’une d’entre elles est que la génération qui arrive est marquée au plus profond de sa chair, bien plus que tout ce qu’on peut imaginer, par les attentats qui touchent les pays européens.

L’autre c’est qu’on naît tous de gauche. Parfois, souillé par l’individualisme et le cynisme, il arrive qu’on devienne d’absolus connards insensibles et qu’on mette au pouvoir des gens qui confisquent les couvertures des sans-abris en plein décembre au lieu de leur offrir un toit.

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