Robert Fisk, le grand journaliste spécialiste du Moyen-Orient pour le journal britannique The Independent, vient de lever [un sacré lièvre|http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2828] : »« Les pays arabes du Golfe Persique planifient \– avec la Chine, la Russie, le Japon et la France \– de mettre fin à la facturation du pétrole en dollars. » » Après l’ébranlement durable de l’organisation financière mondiale, la défaillance généralisée des économies réelles, la mise en péril des puissances publiques (nationales, régionales, locales), voici en gestation la quatrième phase de la crise systémique en cours : un complot contre le roi-dollar.
__Un complot aux multiples ramifications__ À la place du dollar, les comploteurs proposent d’utiliser »« un panier de monnaies, dont le yen japonais et le yuan chinois, l’euro, l’or et la nouvelle devise commune que doivent adopter les nations appartenant au Conseil de Coopération du Golfe, incluant l’Arabie Saoudite, Abu Dhabi, le Koweït et le Qatar » ». Pour appuyer ses affirmations, Robert Fisk s’appuie sur des »« réunions secrètes » », mollement démenties par les intéressés, et confirmés par des sources bancaires du Golfe et de Hong Kong. L’échéance entendue peut paraître lointaine (2018), mais les hostilités n’attendront évidemment pas pour éclater. Et cette nouvelle est un coin meurtrier d’ores et déjà enfoncé dans les flancs du vacillant maître de l’Empire : les États-Unis d’Amérique. D’autant que d’autres pays dits émergents (le Brésil, l’Inde) ont déjà manifesté leur intérêt pour participer à des règlements de pétrole hors dollar. L’Iran elle-même s’est fait un plaisir de rajouter de l’huile sur le feu en annonçant que »« ses réserves de devises étrangères seraient désormais conservées en euros plutôt qu’en dollars » ». Pire, note Robert Fisk, »« certains financiers israéliens ont témoigné au cours des deux dernières années leur intérêt pour des investissements non libellés en dollars dans des banques arabes » ». Pour faire beaucoup, ça fait beaucoup ! »« Des sources chinoises du secteur bancaire indiquent que les discussions sont allées trop loin pour être désormais bloquées » », assène Robert Fisk. __Un bouleversement des données géopolitiques mondiales__ Nul doute que l’oncle Sam mettra tout en œuvre pour défendre bec et ongle ses prérogatives établies à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais la logique infernale de déstabilisation est enclenchée. Favorisée principalement par la montée en puissance de la Chine et la dilution intrinsèque de l’appareil économico-financier américain. Les conséquences en sont évidentes : une exacerbation des tensions internationales. Et un [bouleversement des données géopolitiques mondiales|http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2829]. En réalité, ces bouleversements en cours ne surprennent guère les initiés. Robert Zoellick, président de la Banque mondiale : »« L’un des héritages de cette crise pourrait être la prise de conscience que les relations de pouvoir économique ont changé. » » Les conséquences de cette si importante mutation ne toucheront pas seulement à l’équilibre géopolitique de la planète. Mais à la survie même du système imposé au monde par la puissance américaine. N’est-ce pas l »’« exorbitant privilège » » mondial du dollar qui permettait au maître de l’Empire de régler ses déficits abyssaux sans souci et sans autre contrepartie ? Les motifs en sont-ils uniquement économiques ou politiques ? Non, répond Robert Fisk. Même s’ils s’en défendent devant la galerie, l’Arabie saoudite et ses pays satellites reflètent »« le ressentiment croissant au Moyen-Orient, en Europe et en Chine envers des décennies de domination politique et économique américaine » ». Ressentiment ! Ce qui est ainsi remis en cause, c’est ni plus ni moins la suprématie américaine sur les affaires du monde. On sait la férocité sans pitié du commun pour les rois déchus. ///html
Les deux articles de Robert Fisk ont été traduits par le site ContreInfo, dont on ne louera jamais assez le formidable travail de décryptage des affaires mondiales. À vos favoris !
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