Comment la non-violence protège l’État, par Peter Gelderloos

Depuis novembre 2018, à l’exception d’une longue période de transition sanitaire, les samedis de manifestations se suivent et se ressemblent de plus en plus mollement, c’est-à-dire sans que rien ne fasse bouger le pouvoir, bien à l’abri derrière le concept de non-violence, sorte de pass sanitaire morale bien commode pour avoir droit d’exprimer son mécontentement sans conséquences.

Dans son ouvrage intitulé Comment la non-violence protège l’État (traduction française disponible en accès libre, mais également en librairie via les Éditions libres), le philosophe libertaire Peter Gelderloos dresse le constat de l’inefficacité totale de la non-violence en matière de lutte sociale.

Limite, se réclamer de la non-violence est devenu une posture de contestation peu soucieuse des résultats. Et d’ailleurs, de résultats, il n’y en a pas et il n’y en a jamais eu, n’en déplaise à Gandhi ou à Luther King. Il est assez significatif, note encore Gelderloos, que les manifestants non-violents reprennent au contraire à leur compte la logorrhée moraliste de l’État auquel ils prétendent s’opposer, tout en stigmatisant les éléments les plus virulents dans leurs rangs. L’affichage ostentatoire de la non-violence fait prévaloir une aliénation à la doxa moraliste officielle au détriment d’une véritable volonté de résistance.

Une capitulation tout juste résistante

Cette posture non-violente relevant de la profession de foi est d’autant plus absurde et vaine qu’elle est confrontée à une violence d’État qui, elle, n’hésite pas à s’exercer vigoureusement, et même au-delà du supportable, y compris contre les manifestants les plus pacifiques. Peter Gelderloos :

« La non-violence sert immanquablement les intérêts de l’État […] S’asseoir et s’entrecroiser les bras n’est pas se battre, c’est une capitulation récalcitrante. »

De fait, le seul moment où les Gilets jaunes français déstabilisèrent un tant soit peu le pouvoir macronien intervint en décembre 2018 quand les révoltés se rapprochèrent de l’Élysée et se proposèrent de l’occuper.

Dès lors, le problème est posée dans sa vérité la plus crue : pas de changement des paradigmes sociaux – c’est-à-dire de révolution – sans expulsion énergique et définitive de l’autorité contestée. Celle-ci ne se fera pas dans la dentelle, en se contentant de crier des slogans et de brandir des banderoles.


=> Lire Comment la non-violence protège l’État : Essai sur l’inefficacité des mouvements sociaux, par Peter Gelderlos

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