
Si vous voulez avoir une idée de ce qu’est devenue notre économie capitaliste frappée par le pandémie de coronavirus et la débandade pétrolière, allez donc donc faire un tour du côté de ces zones urbaines périphériques où se concentrent l’essentiel de nos activités commerciales et industrielles : des villes fantômes !
Ou alors tournant au ralenti pour assurer le strict minimum. Regardez toutes ces boutiques aux rideaux baissés, ces parkings de zones commerciales désertifiées, ces concessions automobiles fermées, toutes ces entreprises et usines aux portes closes, ces stades de foot silencieux…
L’état de torpeur ne convient guère à la voracité de la machine capitaliste. Et il est assez piquant de voir nos économistes tenter de se rassurer à coup de prévisions anticipées limitant la casse d’ici la fin de l’année 2020, avec reprise obligée en 2021. Eux qui se sont pris un -6% de “croissance négative” au premier trimestre sans avoir rien vu venir.
Une fourmilière politique soudain prise de panique
Les autorités politiques ont senti le danger et s’agitent frénétiquement pour essayer de relancer le moteur en rade. Haro sur le confinement des fainéants, tant pis pour les risques sanitaires. Fi des dernières préoccupations démocratiques : plus de votes au Parlement, omniprésence du Conseil d’État qui interdit toutes réclamations émanant de la société civile. Au diable, les derniers lambeaux de droit du travail. Un seul mot d’ordre : il faut sauver le soldat capitalisme coûte que coûte.
Malheureusement plus facile à dire qu’à faire. Vous pouvez toujours envoyer des malheureux ouvriers au casse-pipe pour relancer les chaînes de construction d’automobiles, ça ne servira pas à grande chose si vous n’avez pas de concessions pour les vendre, et sans doute encore moins les clients pour les acheter. En l’état d’avancement du délabrement général, vous avez plus de chance de vous retrouver avec des défaillances financières en série, autant côté entreprises que côté citoyens.
Seuls les pouvoirs forts sont en mesure de faire face à la pandémie et de rétablir la situation économique
Face à ce déluge de catastrophes, le pouvoir politique est tenté de se tourner vers un arsenal répressif contraignant. Mais n’est pas dictateur qui veut. On parle beaucoup de pistage systématique via des applis pour smartphone ou des drones furtifs. La nouvelle est à fois fort détestable et totalement dérisoire. Pister tout le monde, quand on est même pas foutu de dépister un virus, quand aucune filature numérique n’est jamais parvenue à déjouer le moindre attentat terroriste, relève davantage de la farce que de la menace liberticide.
Les seuls pays qui ont su maîtriser l’épidémie de coronavirus et apparaissent aujourd’hui en mesure de surmonter l’effondrement systémique sont les États qu’on qualifie d’ordinaire de régimes autoritaires, sinon dictatoriaux : la Chine, la Russie… et l’Allemagne. Si ceux-là s’accommodent fort bien du libéralisme le plus effréné tant qu’il sert leurs intérêts, ils savent parfaitement reprendre fermement la situation en main quand la conjoncture vient à basculer.
Ne pas confondre pouvoir policier et État fort
Nous autres, missionnaires des “libertés individuelles”, confondons aisément État policier et État policé, l’autorité et sa caricature, l’autoritarisme. Ce que nous n’avons pas compris, et ce que cette crise met en lumière, c’est que l’autorité politique n’est efficace et possible qu’une fois acceptée par un consensus populaire. Les peuples cubains, vénézuéliens, chinois ou russes ne vivent pas sous le joug d’une dictature policière, mais obéissent et participent activement à une discipline collective admise de tous (sauf rares dissidents égarés par le mirage occidental).
Alors bien sûr, nous, Français, n’avons pas les mêmes traditions autoritaires dans nos gènes politiques ou familiaux (cf. Todd). Mais si au moins nous pouvions retrouver, comme certaines fois par le passé, ce semblant d’autorité souveraine qui nous permettrait de virer à la pointe de nos pics et de nos fourches les branleurs qui nous mènent dans le mur !
=> Photos prises ce samedi 18 avril dans la périphérie de Vannes à une heure censée être de grande fréquentation.