Ces causes “subsidiaires” qui marginalisent le combat politique

Et c’est reparti pour un tour ! Ce qui ressort de la dernière université d’été de la France insoumise, c’est le psychodrame militanticide sur le thème de l’homophobie, après les propos imbéciles de l’un des participants, Henri Peña-Ruiz :

« On a le droit d’être islamophobe. »

Le problème du militant politique, c’est son addiction au combat quel qu’il soit, pourvu qu’il ait sa dose. Lutte contre l’islamophobie, pour la laïcité, contre l’homophobie, pour la cause LGBT, pour ou contre le port du voile, pour la laïcité, contre le fascisme… Le militant saute sur le premier os qu’on lui tend, s’en repaît, s’entredéchire à n’en plus finir, applaudit à l’interruption d’un match de foot pour une banderole “enculés !” (comme si la sodomie était le privilège des seuls homosexuels).

Sauf que les citoyens ordinaires, dont le militant politique entend conquérir le bulletin de vote et accessoirement défendre les intérêts, se foutent totalement de ce genre de combat pour des causes marginales. Ce que les citoyens ordinaires veulent, eux, c’est d’abord pouvoir terminer chaque mois sans découvert bancaire, ensuite et si possible vivre décemment tout au long de chaque année, et éventuellement se donner les moyens politiques de se voir garanti tout ça (le RIC). Étonnez-vous après que les Gilets jaunes, ces citoyens ordinaires en révolte, ne puissent plus piffer les militants politiques de quelques partis que ce soit.

À éparpiller les causes on exacerbe les tensions plutôt que de les résoudre

Entendons-nous, il n’est pas question de nier l’importance des causes citées plus haut. Mais une application stricte de la déclaration universelle des Droits de l’Homme 1948 suffirait à résoudre l’ensemble de ces combats secondaires éparpillés. En deux trois articles, tout serait réglé :

Article premier – Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits.
Article 2 – Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.

D’ailleurs, tout est réglé. Il suffit de faire respecter les lois adéquates, déjà toutes existantes. Mais le militant politique a besoin de sa dose d’adrénaline combattante, s’éparpille pour la satisfaire, se frite avec les junkies du camp d’en face, se répand en proclamations ampoulées [photo : déclaration des élus Insoumis de Saint-Denis]. Comme si les antifas avaient jamais réussi à réduire le fascisme ! Pire, en éparpillant son combat en une infinité de causes particulières plutôt que de les regrouper sous l’étendard universel de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité, le militant braque les susceptibilités, exacerbe les tensions et finit par les envenimer au lieu de les résoudre. Notons que cette dispersion des luttes est aussi une aubaine pour le système qui ne manque pas d’en rajouter (rappelez-vous le débat sur l’identité natinale de Sarkozy).

En ce déchirant sur de telles polémiques “subsidiaires” lors de leurs AMFiS 2019 à Toulouse, les Insoumis risquent juste de se couper un peu plus de leur électorat, déjà largement parti voir ailleurs lors des dernières européennes.

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