CAPILOTADE DIPLOMATIQUE

Lundi 20 avril 2009, à Genève, débute une seconde conférence internationale sur le racisme, dite Durban II. Sans la présence remarquée de plusieurs pays d’importance : les États-Unis, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Pologne, les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Italie, Israël. Leur prétexte, répété à l’envie par tous leurs médias en cour : la crainte de voir l’Iran y imposer ses diatribes  »« antisémites » ».

La fine équipe restera bien sûr, à l’image de l’Allemagne, une  »« observatrice très attentive du déroulement de la conférence » ». Et n’en doutons pas très moralisatrice. C’est d’ailleurs dans cette optique que la France, l’Angleterre et l’Irlande consentent du bout du nez à y envoyer quelques émissaires pour, déclare l’Élysée,  »« rappeler nos valeurs » ». Il faut rappeler aussi que ladite conférence va se tenir à Genève dans les locaux de l’ONU, seule organisation où peuvent se réunir l’ensemble des pays du monde. Et qu’à l’exception de ce quarteron d’insoumis, adeptes des Gx auto-congratulatoires entre amis, tous les autres pays du monde seront bien représentés. Le coup de « l’antisémitisme », évidemment, on ne pouvait y couper ! Car il est assuré qu’Israël, après ses formidables exploits de Gaza, va se prendre une dégelée de première. Et que tous ceux qui l’ont soutenu et armé, toujours au nom des valeurs du monde libre, risquent fort d’entendre parler du pays. Le fait d’en arriver à boycotter l’assemblée de l’ONU pour soutenir un pays qui précisément s’est toujours affranchi de toutes résolutions que la digne assemblée osait lui intimer, montre l’étendue de la capilotade diplomatique d’un empire du Bien, déjà en plein naufrage économique. Que l’on nous épargne le sermon sur le sort de la « femme islamique » bafouée. Il n’est pas dans notre intention ici de voler au secours des méthodes douteuses d’un Ahmadinejad, ni d’appuyer les exactions meurtrières de quelques nébuleuses terroristes que ce soit, ni d’approuver de près ou de loin les écœurantes logorrhées négationnistes. Mais hélas de constater qu’aux yeux du monde entier, nos missionnaires du Bien et de la Liberté ont réussi le tour de force de se rendre encore plus odieux que ceux qu’ils prétendent dénoncer. Elle a bonne mine, la femme islamiste, sous la protection de ceux qui emprisonnent sans vergogne ses sœurs dans de sinistres centres de rétention avant de les renvoyer à leur misère et à leur sort. Il a bonne mine, le détenu politique cubain, quand il apprend les méthodes « dynamiques » d’interrogation des prisonniers par ce grand pays démocratique qui dit vouloir le libérer du joug de l’injustice. Il a bonne mine, le crève-la-faim africain quand on lui annonce que les tyrans de son pays ont détourné l’aide internationale sur les comptes de quelques paradis fiscaux, avec la complicité passive sinon active de ceux qui parlent en son nom. Et qui abritent jalousement les coffres-forts. Voilà nos piteux défenseurs des valeurs éternelles contraints d’abandonner le terrain de la diplomatie internationale en essayant de sauver la face par quelques ultimes rodomontades médiatiques. Laisser le champ libre aux « forces du Mal » dans les instances internationales relève effectivement de la stratégie fine ! Que leur reste-t-il après cela, à nos vertueux déserteurs ? L’Irak, Gaza, l’Afghanistan, où tous s’activent aujourd’hui à répandre la bonne parole sous le feu de leurs armes.

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.