Dimanche 10 juin, premier tour des législatives, l’heure de faire son devoir citoyen. Comme à mon habitude, j’ouvre le courrier qui m’a été adressé pour prendre le bulletin de mon choix (ce qui m’évite la fastidieuse cueillette à l’entrée du bureau). Oh surprise, manque le bulletin du Front de Gauche…
Je le signale à mon épouse qui procède de même. Elle aussi ne trouve pas son damné bulletin (NB : elle ne vote pas forcément pour les mêmes candidats que moi. Nous ne portons pas non plus le même nom ce qui exclut une loi des séries alphabétique). Elle :
<< Pas seulement le bulletin du Front de Gauche, il en manque plusieurs ! >>
Évaporation des bulletins de gauche
Nous pointons. Pour en avoir le cœur net. Tiens, tiens, il manque quatre bulletins dans chacune des enveloppes. Toujours les mêmes (par ordre alphabétique) :
- EELV ;
- Front de Gauche ;
- LO ;
- NPA.
Je me rends à mon lieu de vote. J’avise la jeune femme de l’entrée, celle qui tient la petite table où figurent les bulletins des candidats (non, non, là, il n’en manque pas !)
<< Je vais être obligé de prendre un bulletin de chaque parce que dans mon enveloppe, il manquait le bulletin de mon candidat. Vous a-ton signalé d’autres incidents du même type ? Vous a-t-on dit quels bulletins manquaient ?
— Oui, oui, on me l’a dit plusieurs fois. Mais on ne m’a pas précisé quels partis étaient concernés. >>
<< C’est pas normal >>
Je file à mon bureau (n° 3, Honfleur, quatrième circonscription du Calvados). Je commence à répéter l’incident aux trois assesseurs.
<< Ah oui, m’interrompt l’un d’eux, le bulletin du Front de Gauche ! Mon père non plus ne l’a pas eu. Mais moi, je l’ai eu (les deux autres assesseurs opinent).
— Pas seulement le Front de Gauche, mais en ce qui concerne ma famille, les quatre bulletins des candidats classés le plus à gauche (je lui énumère).
— C’est pas normal ! Je crois que le courrier est sous-traité à des entreprises privées. Faudrait voir. Signalez donc le cas à la dame du fond, là-bas. >>
Une réponse à ma question ?
La « dame du fond » me reçoit très gentiment. Un peu embarrassée par cet élément perturbateur d’un dimanche après-midi somme toute paisible.
<< En fait, c’est plutôt à la sous-préfecture qu’il faudrait vous adresser. Moi, je ne peux pas faire grand-chose pour vous. >>
J’insiste. Elle accepte de prendre ma réclamation et de la transmettre. Je modère mes accusations pour la tranquilliser.
<< Le mal est certes limité. Tous les bulletins sont au moins bien présents à l’entrée du bureau. Mais bon, c’est la démocratie, n’est-ce pas ? Et j’aime bien avoir des réponses à mes interrogations. >>